10/06/2011
ENGAGEZ-VOUS, RENGAGEZ-VOUS…
La gendarmerie recrute ! Nul ne peut échapper aux publicités de la maréchaussée qui fleurissent actuellement dans les pages des quotidiens et magazines. Même la Toile succombe à ce matraquage médiatique [1] ! Il est vrai que « Le recrutement constitue toujours un enjeu majeur pour une institution, privée ou publique, auquel elle doit répondre par une stratégie à la hauteur de ses attentes, quantitatives et qualitatives. Ce défi est d’autant plus prégnant pour la gendarmerie au regard de sa dimension de force armée en charge principale de missions de sécurité. L’Institution dispose déjà d’atouts indéniables mais doit être plus offensive afin d’entretenir son attractivité » [2].
Pour susciter les vocations, « un argumentaire [est] clairement structuré autour des notions de mérite, d’engagement, de disponibilité au service, notions étroitement liées au statut militaire. Cette position justifie une politique de ressources humaines traditionnellement favorable à l’ascension sociale et à l’épanouissement du personnel » [2]. Mieux, en sus de « la mise en œuvre annuelle de campagnes multimédias d’envergure, […] tous les acteurs de la chaînes de recrutement, et notamment les militaires des unités territoriales » sont mobilisés ; officiers et sous-officiers de gendarmerie (SOG) sont désormais sollicités simultanément comme agents recruteurs et VRP pour la promotion de la vidéosurveillance, pardon vidéoprotection [3].
Las ! Derrière les effets d’annonce, la réalité gendarmique est plus prosaïque, moins empathique. Conséquence de la RGPP (Révision générale des politiques publiques), la gendarmerie nationale recrute dorénavant davantage de contractuels à peine formés au statut précaire (gendarmes adjoints volontaires) que de sous-officiers (respectivement 7 000 et 2 500 pour 2011, auxquels s’ajoutent 2 500 réservistes). Car il faut bien mettre du bleu dans le paysage tout en dégraissant simultanément comme l’exige le gouvernement. Conséquence immédiate : les gendarmes adjoints volontaires (GAV), jeunes gens recrutés en CDD de 5 ans non renouvelable, ont en vérité peu d’espoirs de faire carrière au sein de l’Institution militaire à cause des milliers de suppressions de postes de sous-officiers. Comme le souligne le général Cavallier, « chaque année, les promotions de sous-officiers sont composés d’environ 40 % de candidats issus des gendarmes adjoints » [2]. Mais seuls 2 500 SOG seront recrutés en 2011, soit 1 000 postes pour… 14 500 GAV ; ce chiffre est un maximum puisque peuvent participer au concours interne de sous-officier de gendarmerie (SOG), non seulement les GAV mais aussi les Adjoints de sécurité (ADS) ayant un an de service au sein de la police nationale, les militaires des autres armées avec 4 ans de service ou les réservistes de la gendarmerie nationale. Pis, le nombre de postes de SOG diminue comme peau de chagrin. Jean Faure, sénateur UMP de l’Isère, note ainsi la poursuite de la diminution des effectifs en 2011 : « 957 ETPT (emplois équivalents temps plein travaillés) devraient être supprimés dans la gendarmerie nationale en 2011 en application de la règle de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, prévue dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) » [4]. Le parlementaire précise dans son avis que « La gendarmerie avait déjà connu une suppression de 965 emplois en 2008, de 1 246 en 2009 et de 1 303 ETPT en 2010 », soit quasiment la disparition de 4 500 postes ! [5] Les SOG sont les principales victimes de cette saignée, d’où leur colère [6]. Par conséquent, les perspectives professionnelles ne sont guère optimistes pour les GAV.
En dépit de cette évidence, les agents recruteurs sont, pourtant, fermement invités à présenter le recrutement des GAV « dans une logique gagnant-gagnant ». Dans ce but, la « perspective d’accès au métier de gendarme doit être mise en avant » et ils « doivent être plus offensifs dans la proposition faite aux jeunes gens de servir comme gendarme adjoint, en tenant un discours clair s’appuyant notamment sur l’atout de l’insertion professionnelle à l’issue du temps de GAV », avec cette injonction hiérarchique : « les gradés d’encadrement doivent prendre conscience de l’importance de leur rôle de formateur, voire de guide, inhérent à leur dimension de chef militaire, en se positionnant et en se comportant davantage comme tels »[2].
Finalement, comme les ADS de la police nationale, ces smicards corvéables à merci sont fortement incités en fin de contrat à s’orienter vers la sécurité privée (vigiles) ou à tenter le concours d’agent de police municipale car, à la différence des SOG, les GAV ne peuvent prétendre au détachement. Quid alors de l’ascenseur social ? Un leurre ?
[1] Charles Adeline, « Les réseaux sociaux un nouveau terrain de chasse » in Revue de la Gendarmerie Nationale n°238 du 1er trimestre 2011.
Sirpa Gendarmerie, La gendarmerie recrute aussi sur Facebook, 9 mai 2011.
http://www.defense.gouv.fr/gendarmerie/a-la-une/la-gendarmerie-recrute-aussi-sur-facebook
http://www.facebook.com/gendarmerienationale
[2] Général Bertrand Cavallier, « Recruter : une priorité stratégique et un défi permanent pour la gendarmerie » in Revue de la Gendarmerie Nationale n°238 du 1er trimestre 2011.
[3] La « vidéoprotection » remplace la « vidéosurveillance » (première ligne de l'article 17 de la Loppsi 2). Or, l’éditorial de La Lettre d’information des professionnels de la sécurité, police du 26 juillet 2008, réalisé par Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS et enseignant, précisait, pourtant, que «Parler de vidéoprotection constitue une erreur : cela revient à confondre les objectifs (protéger) et les moyens (capture d'images à distance et transmission à un PC ou exploitation a posteriori). Le titre cherche à légitimer une technologie en la rebaptisant : protection est connoté positivement et surveillance... négativement. Or, la technique permet bien de surveiller. Permet-elle de protéger ?». Il précise, en outre, que « s’il n'y a pas d'études sur l'efficacité de la vidéo en France, c'est parce que les pouvoirs publics dont l'Inhes (Institut national des hautes études de sécurité) n'ont pas souhaité en financer ». En résumé, circulez ! Il n’y a rien à voir !
[4] Jean Faure, sénateur UMP de l’Isère (Rhône-Alpes), Avis n°112 présenté le 18 novembre 2010 au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur le projet de loi de finances pour 2011, Tome IX, Sécurité Gendarmerie nationale, Sénat.
http://www.senat.fr/rap/a10-112-9/a10-112-97.html
[5] Ces suppressions sont bien supérieures aux prévisions initiales. En 2009, Aymeri de Montesquiou, sénateur RDSE du Gers (Midi-Pyrénées), observait que « Comme le programme "Police nationale", le programme "Gendarmerie nationale" connaît une baisse de ses effectifs en 2010, avec la disparition de 1.354 ETPT. […] L’effort de réduction des effectifs concerne essentiellement les sous-officiers, dont les effectifs passent de 76.368 ETPT en 2009 à 74.505 ETPT en 2010 (- 1.863 ETPT). […] Cette baisse s’inscrit dans une programmation triennale portant sur la période 2009-2011 et prévoyant, à son terme, la suppression de 3.000 ETPT de gendarmes. » (Source : Rapport général n°101 fait au nom de la commission des finances sur le projet de loi de finances pour 2010, adopté par l’Assemblée nationale, par Philippe Marini, Sénateur UMP de l’Oise, Rapporteur général, Tome III, Moyens des politiques publiques et dispositions spéciales (Seconde partie de la loi de finances), Annexe n° 28, Sécurité, Rapporteur spécial : Aymeri de Montesquiou, sénateur RDSE du Gers, Sénat, 19 novembre 2009).
[6] Forum Gendarmes en colère
http://gendarmes-en-colere.forum2discussion.net/t17197-les-effectifs-gendarmerie-pour-2010-plf2010
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09/06/2011
LA MILITARISATION DU MAINTIEN DE L'ORDRE, RÉALITÉ OU FANTASME ?
La militarisation du maintien de l’ordre, réalité ou fantasme ? En vérité, on glisse d’ores et déjà doucement mais sûrement vers le fait accompli ! Au mois de juillet 2010, le journaliste Jean-Dominique Merchet rapportait ainsi sur son blog Secret Défense que « Deux équipes (chien et maître-chien) du 132ème Bataillon cynophile de l'armée de terre ont été mobilisées en appui des policiers pour la recherche d'armement à la suite des graves incidents de Grenoble. » (1) Or, ce n'est pas une première. Des équipes spécialisées des trois armées interviennent, en effet, régulièrement au profit des forces de police ou de gendarmerie car elles disposent de moyens spécialisés très pointus. C'est notamment le cas pour tout ce qui concerne la surveillance et le renseignement, voire le transport (hélicoptères, bateaux, etc.).
Cela dit, Jean-Dominique Merchet avait aussi écrit en mars 2008 un intéressant article intitulé « Contrôler la foule, un job de fantassin » (2). Ce billet explique en quoi les mouvements de foule sont devenus un véritable casse-tête pour les militaires sur la plupart des théâtres d’opération où sont engagées des troupes françaises. Résultat : l’armée de terre engage systématiquement une compagnie formée à ce travail spécifique de l’infanterie. On l’appelait la compagnie de réserve opérationnelle ; elle a été rebaptisée Compagnie d’infanterie à capacité de contrôle de foule. Or, qu’est-ce qui interdirait à un politicien d’utiliser cette force sur le territoire national ?
L’hypothèse d’un soulèvement populaire est d’ailleurs prise au sérieux par les instances militaires comme en témoigne l’étude du chef d’escadron Talarico au collège interarmées (3), qui tire conséquence des émeutes de 2005, dont voici un extrait :
« En France, les hélicoptères du ministère de l’Intérieur sont ceux de la sécurité civile, qui sont avant tout conçus pour le sauvetage et ne possèdent pas de caméra thermique. L’aide des armées pourrait se manifester dans ce domaine ainsi que par exemple dans les moyens de brouillage. D’autres aéronefs emporteraient des tireurs d’élite près à neutraliser les insurgés armés. Enfin, des hélicoptères de transport pourraient être prêts à héliporter sur les toits d’immeubles des groupes d’assaut afin de s’emparer d’une plate-forme ou d’investir un immeuble par le haut et le bas simultanément. Des drones capables de maintenir le stationnaire et équipés de caméras visible et infrarouge pourraient également compléter le dispositif et servir de moyens de renseignement et d’alerte. […]
Il s’agit, maintenant, pour le gouvernement, de profiter de cette prise de conscience des média pour établir avec eux une charte de bonne conduite en cas d’événements graves. […] Il faut entretenir le débat sur le rôle des média afin de les amener à prendre toutes leurs responsabilités si de nouveaux drames devaient survenir. »
Brouillage, hélicoptère, vision nocturne, censure… Force est de reconnaître une militarisation des matériels comme en témoignaient déjà deux articles du quotidien France Soir en mai 2010 (4) : « A l’instar des forces spéciales en Afghanistan, la police dispose depuis trois ans de drones. » Elle a aussi recours à des dirigeables pour la vidéosurveillance aérienne avec cette remarque révélatrice : « C’est d’ailleurs l’utilisation qui en est faite par l’armée israélienne au-dessus de Gaza. »
Terminons sur le livre du chercheur Hacène Belmessous : « Opération banlieue. Comment l'État prépare la guerre urbaine dans les cités françaises »(Éd. La Découverte, 2010) ; on peut découvrir la présentation ainsi que quelques extraits sur le site de l’éditeur (5). Il assène qu’avec l’adoption en 2008 du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (6), l’idée d’un engagement des forces terrestres en banlieue n’est désormais plus un tabou. Si certains dénoncent avec force « la faillite sécuritaire du sarkozysme » (7), il faut, dorénavant, encore plus redouter sa fuite en avant, qui pourrait opportunément faire écho aux appels désespérés d’élus désemparés à l’image du maire de Sevran, Stéphane Gatignon (8).
(1) Jean-Dominique Merchet, « Des chiens de l'armée de terre découvrent des armes à Grenoble » in Secret Défense, 28 juillet 2010.
(2) Jean-Dominique Merchet, « Contrôler la foule, un job de fantassin » in Secret Défense, 30 mars 2008.
http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2008/03/contrler-la-fou.html
(3) CES Talarico, Guérilla et violences urbaines, École de Guerre (Collège interarmées à l’époque).
CES Talarico Guérilla et violences urbaines.pdf
(4) Alain Hamon, « Banlieues. Des hélicos pour traquer les bandes » in France Soir, 14 mai 2010.
http://www.francesoir.fr/faits-divers-police/banlieues-des-helicos-pour-traquer-les-bandes
Brendan Kemmet, « Drones, dirigeables et camions 4x4 dans les banlieues » in France Soir, 14 mai 2010.
http://www.francesoir.fr/drones-dirigeables-et-camions-4-x-4-dans-les-banlieues
(5) Hacène Belmessous, Opération banlieue. Comment l'État prépare la guerre urbaine dans les cités françaises, ÉditionsLa Découverte, 2010.
http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Operation_banlieue-9782707159120.html
(6) Jean-Claude Mallet, Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, Éd. Odile Jacob et La Documentation française, 2008.
(7) « la faillite sécuritaire du sarkozysme » in Les échos de la gauchosphère, 3 juin 2011.
http://gauchedecombat.wordpress.com/2011/06/03/la-faillite-securitaire-du-sarkozysme/
(8) Augustin Scalbert, « Sevran : des casques bleus pour enrayer la guerre des gangs ? » in Rue89, 2 juin 2011.
http://www.rue89.com/2011/06/02/a-sevran-des-casques-bleu...
Stéphane Gatignon n’est pas le premier édile à en appeler à l’armée. En novembre 2005, une dépêche de l’AFP fit écho aux propos du maire socialiste de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), Michel Pajon. Ce dernier suggérait alors l'intervention de l'armée dans les quartiers touchés par les violences urbaines, en affirmant à l’époque que la situation était « dramatique ». De son côté, le député-maire UMP de Maisons-Laffitte, Jacques Myard, réclamait l'instauration de l'état d'urgence avec « un strict couvre feu ». Considérant que « les médias devaient d'eux-mêmes lever le pied de la libre et totale information », cet élu avait demandé au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) « de conclure un moratoire sur la diffusion de ces événements avec tous les médias afin de ne pas les stimuler et les amplifier ».
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03/06/2011
POLICE MUNICIPALE DE NICE
Discours de Christian Estrosi du samedi 12 février 2011 [1]
Petite analyse personnelle
Le culte du chiffre
Christian Estrosi a le culte du chiffre : « 355 policiers municipaux, et 380 d’ici la fin de l’année, 150 ASVP », annonce-t-il fièrement pour la police municipale niçoise, sa police. Soit un ratio d’un ASVP pour deux agents de police municipale (APM). Si j’en crois le rapport de la chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte-d’Azur sur la gestion de la ville de Cagnes-sur-Mer, publié en octobre 2010, le recours de plus en plus important aux ASVP sert aux communes du littoral azuréen à pallier les difficultés de recrutement ou sert de variable d’ajustement en matière de gestion des personnels de la police municipale (« la période estivale entraîne un regain d’activité de la police municipale alors que ses effectifs sont diminués du fait des congés »).
A ses côtés, Benoît Kandel, le « Monsieur Sécurité » de Nice. Je m’interroge à propos de cet ancien colonel de gendarmerie que Christian Estrosi aime à présenter en ces termes : « plus qu'un super-patron de la police municipale, […] une sorte de ministre de l'intérieur municipal » (J.-F.R., « Nice : Christian Estrosi présente son "Monsieur Sécurité" » in Nice Matin, mercredi 16 janvier 2008). Benoît Kandel a été nommé au poste d’adjoint à la sécurité. Mais au vu de la taille de la police municipale niçoise, qui le seconde ? Un directeur de police municipale ou un cadre de catégorie A ou un agent non titulaire ?
La hiérarchie de la police municipale de Nice m’intrigue, mais mon questionnement importe peu en vérité puisqu’au vu de l’arrêt n°300521 du Conseil d’Etat en date du mercredi 19 novembre 2008 concernant la commune de Saint-Paul-de-la Réunion, un agent de catégorie A peut être nommé en qualité de directeur de la sécurité publique, donc diriger un service de police municipale, ce qu’a confirmé l’an dernier le ministère de l’Intérieur dans sa réponse (tardive) à la question n°25929 de Michel Terrot, député UMP du Rhône [2].
Cela dit, la chambre des comptes régionale de PACA [3] « a constaté que la ville semblait rencontrer des difficultés pour recruter des agents de la fonction publique territoriale sur des emplois statutaires tels que directeur du centre du patrimoine, responsable de l’organisation du travail et des relations sociales, directeur des affaires culturelles, directeur de territoire, directeur de l’événementiel, directeur de la communication ou directeur de la mission politique de la ville. Ces emplois ont été pourvus par des agents non titulaires. Il ne peut s’agir que d’une exception au principe posé par les dispositions de l’article 2 de la loi statutaire du 26 janvier 1984 selon lesquelles les emplois permanents sont occupés par des fonctionnaires [publics territoriaux]. La collectivité qui a justifié avoir respecté les conditions de recherche préalable d’un candidat fonctionnaire, par une publicité adaptée, a précisé que selon elle, le niveau des candidats était trop souvent en dessous de ce que l’on était en droit d’attendre de candidats à des emplois de catégorie A ou de hauts fonctionnaires territoriaux. »
Vient ensuite un couplet flagorneur à l’attention des agents présents, du Sarkozy pur jus ! Un style qui ne se renouvelle guère en réalité. Voici ce que Christian Estrosi avait déclaré lors de son premiers discours [4], le vendredi 21 mars 2008, à la police municipale niçoise réunie : « Je l'annonce avec une certaine solennité et une certaine gravité pour que chacun me comprenne bien : le recrutement, l'avancement et les récompenses au sein de notre police municipale seront désormais examinés sur les seuls critères du mérite, du travail, des compétences et de l'engagement personnel. […] je veillerai à ce que tous les moyens nécessaires à l'accomplissement de votre mission vous soient accordés, que ce soit en termes d'équipement, d'armement, de vidéosurveillance, de cartographie numérique ou encore de véhicules. Dans ce domaine, je veux l'excellence pour Nice et je souhaite que nous devenions un modèle. […] Votre choix de vie est clair: vous avez librement décidé de servir la collectivité en devenant policier municipal. Ce choix vous honore. Ma considération et mon respect vous sont acquis.», ajoutant : «Je veux des policiers municipaux professionnels, bien dans leur peau et fiers de servir leur ville. »
Christian Estrosi rend un hommage appuyé aux dix agents niçois blessés au cours de l’année 2010. Dix agents blessés, soit ! Mais blessés suite à une agression, à un accident ? D’ailleurs, quel est le degré de gravité des blessures ? C’est aussi un chiffre qu’il faut relativiser : 10 blessés pour 82 000 interventions revendiquées. 10 blessés sur 355 APM, soit 2,80 %, un pourcentage qui tombe à 1,67 % si l’on prend en compte l’intégralité des effectifs de la police municipale niçoise (600) car on ignore le statut des personnels évoqués : APM ou ASVP ? Dans le second cas, titulaires ou contractuels ? Un chiffre à comparer, enfin, avec ceux de la police et de la gendarmerie nationale [5].
250 armes à feu
Christian Estrosi évoque ensuite l’armement de sa police : 20 Tasers, 10 Flashballs, 30 nouvelles armes de poing, précisant « ce qui porte à 250 le nombre d’armes à feu de 4ème catégorie à votre disposition ».
Cette remarque a tout de suite retenu mon attention. 250 armes à feu. Je suppose qu’il ne compte pas les 20 pistolets à impulsions électriques dans ce total. Par contre, je suis moins catégorique pour les 10 flashballs, qui sont, selon leur type, classés en 4ème ou 7ème catégorie, néanmoins, je les exclue du total pour simplifier. Donc 250 armes à feu revendiquées pour… « 355 policiers municipaux, et 380 d’ici la fin de l’année ». Deux conclusions sont alors possibles :
- soit que tous les APM niçois ne sont pas armés, ce qui expliquerait pourquoi le député-maire de Nice ne figure pas parmi les signataires de la proposition de loi visant à généraliser le port d’armes des policiers municipaux déposée par son ami, l’inénarrable Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret, dont la gestion municipale est un modèle [6]. Mais cette explication est alors en contradiction avec le ton martial du discours présent (et des précédents) puisqu’il déclare un peu plus loin : « A Nice, vous êtes armés. Vous êtes armés car je me refuse à vous laisser désarmés, à la merci de la violence. »
- Soit les APM niçois partagent leurs armes. Les Flashballs sont généralement considérés comme des armes collectives, faut-il, cependant, en conclure que ce ne sont pas toujours les mêmes agents qui en disposent ? Dans l’affirmative, cela constitue un danger à la fois pour le fonctionnaire et pour la victime éventuelle. En effet, malgré les séances de tir annuelles obligatoires, comment se familiariser au quotidien avec cette arme spécifique si l’agent n’en dispose pas habituellement, s’il y a un roulement dans la dotation ? Mais ce qui est inquiétant pour le Flashball devient angoissant pour les armes de poing ! L’APM ne peut, en effet, régler l’arme à sa guise puisque ce n’est pas son arme : c’est donc une arme à laquelle il doit s’adapter et non l’inverse, d’où un danger potentiel.
Christian Estrosi met en avant des moyens de protection renforcés avec « la mise en service de 55 gilets pare-balles et bientôt de 33 autres », soit 88 au total. Comment faut-il interpréter ces chiffres : dotation initiale, partielle (au bénéfice des équipes de nuit) ou complémentaire (tous les autres APM en étant déjà dotés) ?
Autre caractéristique des polices municipales des villes du littoral azuréen (cf. à ce sujet le rapport de la chambre régionale des comptes de PACA à propos de la politique de sécurité de la commune d’Aix-en Provence) : la création de brigades spécialisées.
Vient ensuite son bébé : le CSU dont il dresse le bilan. « Avec 624 caméras, nous avons pu réaliser en moins d’un an 230 réquisitions judiciaires et 260 interpellations (une de plus cette nuit même suite à une tentative d’agression contre des pompiers). » Nous sommes priés de le croire mais je ne peux m’empêcher de me questionner : sur les 230 réquisitions judiciaires, combien ont réellement été utiles, c’est-à-dire ont permis la conclusion d’une enquête ? 260 interpellations ? De quelle nature ? 324 caméras, soit une pour 600 habitants, ce qui fait de Nice la ville la plus surveillée de France mais pas la plus sûre, au contraire ! Enfin, ce chiffre de 624 caméras fait écho au magazine Science & Vie d'avril 2010, qui a publié un article intitulé « Le bluff de la vidéosurveillance ». Voici son introduction : « Censées lutter contre la délinquance, les caméras de surveillance prolifèrent dans l'Hexagone. Or, le flot d'images qu'elles diffusent est humainement impossible à regarder ! Et l'analyse automatique reste expérimentale.» Avec 624 caméras, on est donc au-delà de l’humain, dans l’inhumain suis-je tenté d’écrire. Mais notre député-maire fanfaronne tout en passant sciemment sous silence le coût de son bébé, qui emploiera au final une cinquantaine d’agents, dont 10 travailleurs handicapés : 7,6 millions d’euros d’investissement, dont 6,4 pour la ville de Nice et 1,2 pour la communauté urbaine Nice Côte d’Azur, auxquels il faut ajouter une participation du Conseil général des Alpes-Maritimes pour 1,1 million, soit un total de 8,7 M€. Je me demande si la chambre régionale des comptes de PACA vérifiera un jour les conditions d’attribution de ces juteux contrats [7], si quelqu’un saisira la chambre régionale des comptes à ce propos, comme le permet l'article R.1612-35 du Code général des collectivités territoriales (CGCT) ? Cela dit, on comprend mieux l’orientation répressive résolument prise avec la vidéoverbalisation. Si la vidéosurveillance, pardon vidéoprotection, est un leurre, la vidéoverbalisation est une réalité ! Si les caméras sont inefficaces pour traquer les délinquants, malgré la propagande officielle, elles sont, par contre, redoutables pour les automobilistes ! Il faut bien rentabiliser l’investissement, me direz-vous.
Christian Estrosi est également muet à propos de la formation (ou l’absence de formation ?) des opérateurs vidéos. Je me permets ici de faire écho aux réflexions d'Emilie Thérouin, adjointe à la sécurité de la ville d'Amiens. Celle-ci remarque que « L'opérateur vidéo est bien le parent pauvre de l'agitation qui existe autour de la vidéosurveillance. Beaucoup s'évertuent à disserter sur l'importance de l'outil vidéo, mais qui pour "penser" aux opérateurs ? [...] Pourtant, Opérateur vidéo reste un métier de l'ombre, non reconnu par le législateur qui, pourtant, est friand de légiférer sur la sécurité et son dada, la vidéosurveillance. Mais le CNFPT est lui aussi très en retard sur les métiers de la sécurité. Ainsi, il n'existe pas de formation initiale commune, encore moins un plan de formation continue obligatoire pour les opérateurs vidéo. Chaque ville bricole dans son coin avec le recrutement, la formation, la déontologie. Seul le double agrément préfecture/procureur est exigé. L'opérateur peut être un ASVP, agent technique qui ne dépend pas de la filière sécurité, ou encore un agent administratif. » [8]
Pour clore sur ce chapitre de la vidéosurveillance, je reprends à mon compte les propos d’Yves Chastan, sénateur-maire de Privas, pour lequel « La vidéosurveillance est un pis-aller » puisque « ce type de système ne s'attaque pas aux causes réelles de la délinquance que sont le délitement de la société, le chômage de masse depuis quinze ou vingt ans, et l'apologie de l'individualisme et de l'argent facile et vite gagné » (L’Essor n°430 de décembre 2010).
Christian Estrosi annonce fièrement une augmentation de 30 % des effectifs de sa police municipale, ce qui se traduit concrètement pour la ville par « un effort financier de 6 millions d’euros obtenus par une plus grand maîtrise de nos dépenses de fonctionnement ». La gestion de Christian Estrosi n’a pas été évaluée par la chambre des comptes régionale de PACA à la différence de celle de son prédécesseur, Jacques Peyrat, sénateur-maire. Dans le rapport de 2007, on apprend que le budget principal de la ville de Nice pour 2004 « représentait plus de 570 M€ en fonctionnement et près de 380 M€ en investissement, soit un total proche d’un milliard d’euros. » On découvre aussi que Nice n’a rien à envier à la gestion de Levallois-Perret : « La chambre a constaté que la ville de Nice avait continué à honorer des échéances d’emprunt pour des organismes défaillants auxquelles elle avait apporté sa garantie. […] Six dossiers ont particulièrement retenu l’attention de la juridiction. […] En conclusion, si les faits évoqués supra résultent d’une politique municipale différente de celle conduite aujourd’hui, il demeure que l’ensemble des défaillances des organismes auxquels la ville avait accordé sa garantie lui a coûté plus de 51 M€. » Une somme que la municipalité n’a apparemment pas provisionnée en dépit des risques avérés. Cependant, la ville de Nice est riche, d’où une remarquable capacité d’autofinancement, qui limite de fait l’endettement. Toutefois, « la chambre considère que la situation financière apparemment convenable ne devrait pas masquer la perspective, à partir de 2006, d’un accroissement de l’endettement de la ville sous l’effet de dépenses d’équipement évaluées à 240 M€ pour les deux années 2007 et 2008. En effet, à périmètre budgétaire identique, ces dépenses ne pourront vraisemblablement pas être couvertes par un autofinancement supérieur à 50 M€ par an, sauf à actionner le levier fiscal, à comprimer les dépenses de fonctionnement ou à dégager des ressources financières nouvelles. » En outre, à l’époque, la chambre des comptes régionale n’a pas pris en compte les conséquences de la crise financière en gestation.
La ville de Nice apporte un important concours financier au secteur associatif. « Entre 1999 et 2003, le nombre d’organismes subventionnés par la ville de Nice a été en moyenne de 900. En 2004, on ne dénombrait plus que 600 associations subventionnées. Durant cette période, la ville a consacré plus de 140 M€ au secteur associatif, ce qui a représenté, chaque année, près de 5 % de ses dépenses totales de fonctionnement. » Parmi les bénéficiaires de la générosité municipale, la vénérable Archiconfrérie de la Sainte-Croix de Nice, plus communément connue sous le nom de « pénitents blancs », en raison de la couleur de la cape portée par ses membres [9]. Malgré les vents mauvais qui vont très prochainement déferler sur la laïcité, je ne vais pas m’attarder sur le lobby catholique mais je signale l’enquête de Marc Baudriller publiée en 2008 chez Robert Laffont : « Les réseaux cathos »... apparemment aussi actifs à Nice qu’à l’Elysée, suis-je, néanmoins, tenté d’ajouter. Christian Estrosi leur fait peut-être même indirectement un clin d’œil en affirmant que « Cette volonté de dévouement, cette préoccupation du service sont des vertus devenues rares. »
Un policier municipal pour 610 habitants ?
Christian Estrosi se lance ensuite dans une audacieuse comparaison pour mieux glorifier son action : « Cet effort financier, humain, que je maintiens et que je développe, est unique en France. Savez-vous qu’à Toulouse, la police municipale ne travaille pas la nuit ? Savez-vous qu’à Marseille, elle n’est pas armée ? A Marseille ! Savez-vous qu’à Lyon, il y a 1 policier municipal pour 1439 habitants ? Eh bien à Nice, il y a un policier municipal pour 610 habitants. » Peu lui importe que la police municipale ne soit pas la police nationale, encore moins que ses prérogatives lui imposent des missions différentes, Christian Estrosi assume la confusion des casquettes, la revendique même ! Il assène avec force son ratio : un policier municipal pour 610 habitants ! Un policier municipal pour 610 habitants ? La population niçoise est estimée à 338 219 habitants pour 2010, donc en hausse, même si elle n’atteint pas encore le maximum établi en 1975 avec le chiffre record de 344 481, et surtout vieillissante. Cela dit, pour parvenir au coefficient avancé par Christian Estrosi, il faut nécessairement et volontairement faire l’amalgame de l’ensemble des personnels affectés au service de police municipale, à savoir : « 355 policiers municipaux, et 380 d’ici la fin de l’année, 150 ASVP, qui assistent les policiers municipaux sur la voie publique, et 70 personnels administratifs indispensables au fonctionnement quotidien et logistique de la Direction. » Or, comme l’a rappelé à bon escient le rapport de l’IGA sur les polices municipales, un ASVP n’est pas un APM ! Celui-ci ne peut se voir confier des missions de sécurité publique (cf. circulaire INT/D/05/00024/C du 15 février 2005). En tant qu'ASVP, leur compétence se limite strictement à constater les infractions aux règles relatives à l'arrêt et au stationnement des véhicules [10]. Toutefois, si la ville de Nice arrive à l’effectif de 380 APM, le ratio sera d’un APM pour 890 habitants, ce qui n’est pas négligeable. Finalement, Christian Estrosi s’inscrit dans la lignée de son prédécesseur et concurrent, pour ne pas dire ennemi. La chambre avait, en effet, noté à propos des effectifs municipaux que « Les charges brutes de personnel ont conservé, de 1999 à 2003, un niveau identique d’environ 220 M€ par an pour atteindre 232 M€ en 2004, alors pourtant que la création de la communauté d’agglomération, en 2002, a été accompagnée d’un transfert de 460 agents de la ville dont 422 agents titulaires. […] Elles absorbaient environ 46 % des dépenses totales de fonctionnement de l’année 2004 et étaient nettement supérieures au produit de la fiscalité directe des trois taxes, soit 184 M€. ». Autre remarque de la juridiction financière : le cabinet du maire mobilisait « plus de 4 % de l’effectif total de la collectivité ce qui est important pour une ville de la taille de Nice. » Qu’en est-il aujourd’hui ?
Chose rare à relever : Christian Estrosi se félicite du dialogue constructif avec les syndicats, encensant notamment l’action des délégués syndicaux de FO, de la CGT et du SNPM-CFTC ; son mutisme à l’endroit d’autres organisations syndicales est éloquent[11]. Le député-maire déclare, en effet, « A Nice, vous travaillez 24h sur 24. Vous travaillez 24h sur 24 car, avec vos représentants syndicats, que je remercie et que je salue avec gratitude aujourd’hui, nous avons pu trouver des aménagements d’horaires convenables pour vous permettre d’assurer votre mission. » Il faut dire que la ville de Nice a une culture du dialogue social et une gestion des ressources humaines, qui ont étonné jusqu’à la chambre régionale des comptes de PACA ! Cette dernière a ainsi constaté que « Chaque direction des services municipaux doit définir, par unité de travail, la formule horaire la mieux adaptée à son organisation et ses contraintes fonctionnelles ». Dès lors, « chaque service est libre de son choix », d’où « une diversité des horaires de travail ». La gestion des heures supplémentaires a également interpellé la juridiction financière, qui note dans son rapport de 2007 que « L’examen des volumes d’heures supplémentaires accordés aux agents, notamment au service du nettoiement et au cabinet, a conduit la chambre à s’interroger sur les modalités de leur gestion qui suscitent plusieurs observations. » Elle signale, par exemple, que « des agents pouvaient bénéficier d’heures supplémentaires, attestées par des chefs de service distincts, pour une même date, à un même horaire et pour deux lieux d’exécution différents. »
Le député-maire défend l’action de sa police : « Depuis septembre 2010, nos 8 équipes d’îlotiers ont déjà plus de 4000 prises de contact, dans le secteur de la ville que nous avons choisi comme terrain d’expérience, c’est-à-dire nos quartiers nord. » 4 000 prises de contact depuis septembre 2010 ? Un rapide calcul permet de conclure à moins de six contacts par jour et par équipe [12], ce qui est particulièrement faible. Cela n’empêche nullement Christian Estrosi de défendre l’îlotage, donc la police de proximité pourtant vouée aux gémonies par Nicolas Sarkozy, qui, ministre de l’Intérieur, assénait, le 4 février 2003, à Toulouse, que « La police de proximité est là pour prévenir mais si elle est faite au détriment du travail d'investigation et d'interpellation, elle ne sert à rien... », ajoutant avec ironie : « Je ne peux pas croire qu'ici les délinquants soient plus difficiles à interpeller. Ici, il n'y a pas de problèmes de moyens, mais de priorité » ! « Vous n'êtes pas des travailleurs sociaux », avait-il lancé à un îlotier qui lui présentait, sur ordre des conseillers de Sarkozy, un tournoi de football organisé avec les jeunes du quartier. « Les citoyens attendent d'abord de vous que vous arrêtiez les délinquants ». Or, voici que son féal niçois veut « étendre à la cité toute entière, à tous ses quartiers, même les plus difficiles, cette action exemplaire qu’est l’îlotage » ! Pis, le vassal argumente en ce sens :
L’îlotage, c’est plus de connaissance de terrain et des hommes.
L’îlotage, c’est une source de renseignement complémentaire pour interpeller plus vite, plus précisément, plus efficacement.
L’îlotage, c’est plus d’humanité et de compréhension des habitants et des problématiques des quartiers.
Mais hier comme aujourd’hui, l’ancien ministre de l’Intérieur peut toujours rétorquer à son homme lige que «Pour faire ce travail (garantir la sécurité dans les quartiers sensibles), il ne suffit pas de poster un policier au carrefour du coin, mais il faut aller en profondeur, afin d’extraire trafics et trafiquants.»[13] Donc enquêter ! Or, «Deux limites générales sont assignées par les textes au domaine de compétences des policiers municipaux : en matière de police administrative, la convention type de coordination entre la police municipale et les forces de sécurité de l'État interdit au service de police de municipale l'exercice du maintien de l'ordre (art. R. 2212-1 du CGCT) ; en matière de police judiciaire, les actes d'enquête leur sont interdits, ainsi que les contraventions relatives à l'atteinte à l'intégrité des personnes.» [14]
Conscient de ces limites, le feudataire pousse l’audace en rappelant à son suzerain ses obligations ! « En matière de sécurité, le trop n’existe pas, ce qui compte c’est de répondre aux exigences du moment et à l’évolution de la délinquance. Et si la violence augmente, les effectifs et les moyens des polices doivent augmenter en proportion. Oui, j’ai dit des polices. Car tout l’effort que nous faisons à Nice, au bénéfice de notre police municipale, nous ne sommes pas tenus de le faire. Et pourtant nous le faisons. En France, l’Etat est en charge de la sécurité publique. C’est une responsabilité qui lui incombe, et je suis de ceux qui veillent à le lui rappeler. […] Oui, l’action du maire, en matière de sécurité publique, est limitée. […] Et si la ville de Nice s’engage ainsi, j’attends naturellement de l’Etat que non seulement il ne se désengage pas, mais qu’il fasse lui-même un effort équivalent. »
Faut-il conclure à la félonie d’un obligé ? Que nenni ! Si l’édile critique vertement le désengagement croissant de l’Etat, le séide vote sciemment à l’Assemblée nationale les suppressions d'effectifs massives au sein de la gendarmerie et de la police nationales qu'impose la révision générale des politiques publiques (RGPP), et participe ainsi volontairement au démembrement de la sécurité publique dont il dénonce pourtant les conséquences dans son fief. Autre paradoxe : lorsque l’élu local déclame à l’adresse de ses agents de police municipale : « vous êtes dans la rue, auprès des Niçoises et des Niçois, là où vous devez être, confiant en votre mission et assumant votre vocation de service », faut-il en déduire une opposition implicite à toute extension de compétence, une volonté d’éviter toute qualification supplémentaire susceptible de les écarter du terrain, donc de la population, alors que simultanément l’élu national vote sans ambages toutes les dispositions contraires de la Loppsi 2 ?
Finalement, ce discours du 12 février 2011 s’apparente au verbiage oiseux et vétilleux d’un courtisan, qui cache mal un opportunisme politicien à l’approche d’élections cantonales qui s’annoncent sous de sombres auspices pour la majorité présidentielle.
C’est dans la même perspective électorale qu’il se prononce pour une égalité de traitement entre gardien de la paix et gardien de police municipale, psalmodiant sa nouvelle litanie : « à risque égal, à présence égal, à charge égale, salaires, primes et pensions égales ! » (sic) Il entretient délibérément la confusion entre les deux corps alors que ceux-ci ont des compétences différentes[15], à moins que cet aveuglement ne soit la conséquence d’une vision parcellaire de pratiques appliquées sur sa propre circonscription.
[2] Question n°25929 de Michel Terrot, député UMP du Rhône, en date du 24 juin 2008.
http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-25929QE.htm
[5] Faisant écho à une note interne de la DCSP (Direction centrale de la sécurité publique), intitulée « Les policiers de la sécurité publique en première ligne », Le Figaro faisait état de 1 100 policiers blessés au cours des deux premiers mois de 2010 alors que 5 358 policiers avaient été blessés en 2009.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/03/30/01016-...
[7] En 2007, celle-ci s’était intéressée au palais Nikaia, une salle de spectacle à grande capacité, et avait relevé plusieurs irrégularités à cette occasion.
[8] La face cachée de la vidéosurveillance
http://www.emilietherouin.fr/verts-mairie-amiens/index.ph...
[10] Question n°26844 de Xavier Breton, député UMP de l’Ain, en date du 8 juillet 2008.
http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-26844QE.htm
Question n°20131 de Brigitte Le Brethon, députée UMP du Calvados, en date du 16 juin 2003.
http://questions.assemblee-nationale.fr/q12/12-20131QE.htm
[11] Avec la loi sur la représentativité de 2008, les syndicats catégoriels sont contraints à des alliances sous peine d’être purement et simplement menacés de disparition. Cette menace vise directement les syndicats dits « professionnels », comme l’USPPM, le SDPM ou le SIPM-FPIP, qui jouent désormais leur survie.
[12] 4 000 contacts divisés par 150 jours (5 mois fois 30 jours), soit une moyenne de 26,67 contacts par jour arrondie à 27, chiffre lui-même divisé par 5 (le nombre d’équipes d’îlotiers), soit un résultat de 5,4 contacts par jour et par équipe.
[13] Propos de Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, lors d’une interview sur Europe 1 le mercredi 2 novembre 2005 au matin (8h20 ou 8h40) suite aux émeutes de Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis.
[14] Question n°85777 de Pierre Morel-A-L'Huissier, député UMP de Lozère, en date du 3 août 2010.
http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-85777QE.htm
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