27/06/2011
POLICES MUNICIPALES : L’ARROSEUR ARROSÉ ?
« Souriez, vous êtes filmés ! » [1] Qui n’a jamais lu cet avertissement tant la vidéosurveillance, pardon vidéoprotection [2] s’est banalisée au quotidien [3] ? Passons sur les garanties insuffisantes de protection de la vie privée [4], le coût d’un tel système [5] ou, plus simplement, son inefficacité [6], la mode est, pour reprendre les propos de Jean-Pierre Bouquet, maire socialiste de Vitry-le-François (Marne), à « Une vidéosurveillance citoyenne : chaque citoyen doit savoir qu’il peut être filmé et avoir confiance dans le dispositif » [7]. D’ailleurs, Brice Hortefeux, alors sinistre, pardon ministre de l’Intérieur, ne s’est-il pas prononcé en ce sens le 9 septembre 2009 lors d’un déplacement à Sartrouville (Yvelines) ?
Si vous n’avez rien à vous reprocher,
vous n’avez pas à avoir peur d’être filmés !
L’ancien ministre de l’Intérieur avait alors déclaré : « Je suis naturellement attaché à la préservation des libertés individuelles. Je le dis clairement, et chacun peut le voir, la vidéo, c'est de la protection avant d'être de la surveillance. Les caméras ne sont pas intrusives, elles ne sont pas là pour épier, mais pour protéger. […] Vous le savez, les caméras de protection font déjà partie de notre quotidien : lorsque vous faites vos courses au supermarché, lorsque vous retirez de l'argent au guichet de votre banque ou que vous utilisez les transports en commun, vous êtes filmés, vous le savez déjà. Qui cela dérange t-il ? […] Si vous n'avez rien à vous reprocher, vous n'avez pas à avoir peur d'être filmés ! Pour les gendarmes et policiers eux-mêmes, la vidéo-protection constitue aussi un élément sécurisant pendant les interventions » [8], sans oublier ce raisonnement confondant, cet argument massue, cette arme absolue : « Instaurer la vidéo-protection, c'est identifier les fauteurs de troubles, c'est décourager les délinquants ; c'est, surtout, veiller sur les honnêtes gens », sous-entendu si vous êtes contre, vous êtes forcémentdans le camp des méchants, des voleurs, des violeurs et autres criminels sanguinaires, voire vous êtes un délinquant vous-même ou en passe de le devenir… Bref, une vision particulièrement manichéenne, d’autant que selon le ministère de l’Intérieur, « Il n'est pas effectué de corrélation nationale entre l'existence de dispositifs de vidéoprotection et leur impact sur les crimes et délits commis sur la voie publique, ainsi que les taux d'élucidation. » [9]
Néanmoins, comme le souligne Le Télégramme, Les caméras de surveillance gagnent du terrain [10] et transcendent les clivages politiques [11]. Le quotidien breton avance quelques raisons à cette évolution : « C'est peut-être, en partie, la conséquence de la volonté affichée du gouvernement de tripler le nombre de caméras en France (de 20.000 à 60.000). Installations pouvant être financées par de copieuses subventions allant de 20 à 50%. S'ajoute à cela un vrai travail de VRP engagé par la police et la gendarmerie qui ne manquent pas une occasion de vanter les mérites de la vidéosurveillance lors des rendez-vous avec les élus » ; les grands commis de l’Etat sont également mis à contribution : le préfet de l’Ain, Philippe Galli, par exemple, ne désespère pas de convaincre le maire de Bourg-en-Bresse à ce propos [12].
La police municipale a les yeux partout
Même si Jean-Louis Del Pistoia, délégué départemental de l’Union syndicale professionnelle des policiers municipaux (USPPM) à la Réunion, « regrette que le policier municipal "ne soit pas vraiment un policier aujourd’hui" » [13], la police municipale a souvent la charge de ces systèmes de surveillance, enregistrant les moindres faits et gestes des passants.Or, s’ils acceptent volontiers de surveiller leurs compatriotes, les agents de police municipale, à l’inverse, ne semblent pas supporter d’être sous l’œil des caméras, ni contestés par ces dernières d’ailleurs [14]. Le Syndicat national des policiers municipaux (SNPM-CFTC) vient ainsi de dénoncer une dérive liée à l'utilisation du système de géolocalisation et des caméras de surveillance aux dépens d’agents de Vitrolles (Bouches-du-Rhône) [15], évoquant « les limites à ne pas franchir pour ne pas toucher à un pilier de notre démocratie: LA LIBERTÉ D’ALLER ET VENIR.... » ; ce débat a déjà agité la police nationale [16].
La polémique a éclaté à l'occasion d'une demande de sanctions à l'encontre d'une patrouille de trois policiers, a expliqué Frédéric Foncel, président du SNPM [17], qui affirme vouloir saisir prochainement le procureur de la République. « On est tombé sur des rapports extrêmement précis. À la minute près, on suivait le fonctionnaire », a-t-il dit, dénonçant un détournement de la finalité des caméras de vidéoprotection et des dispositifs de géolocalisation embarqués dans les véhicules ou sur les radios des policiers [18]. Des faits déjà dénoncés sous d’autres cieux : à Colmar, les syndicats locaux (SNPM-CFTC, FA-FPT et CFDT) dénoncèrent à l’automne 2010 un « usage abusif d’images de la vidéosurveillance » [19]. À Cannes, en 2004, l’intersyndicale (CGT, SNPM-CFTC et UNAPM-CGC) s’éleva contre la mise en place de caméras de surveillance dans les couloirs et les locaux de la police municipale, qui donnait le sentiment aux municipaux d'être eux-mêmes constamment sous surveillance [20]. Pourtant, ces agents ne devraient-ils pas être convaincus que, comme la population, ils « ne sont pas sous surveillance, ils sont sous protection », comme l’affirment Xavier Lagasse chef de service et de son adjoint Fabrice Mathieu au bureau de la police municipale de Carcassonne [21] ? Mieux, « Les policiers municipaux disent qu'ils ont gagné en rayon d'action et en rapidité d'intervention. C'était le but recherché pour améliorer la capacité opérationnelle sur le terrain ». Quid alors de la conclusion sans appel de l’ancien ministre de l’Intérieur : « Si vous n’avez rien à vous reprocher, vous n’avez pas à avoir peur d’être filmés » ? À moins qu’ils n’aient lu (ou relu) François Brune qui concluait en 2000 que « Partout où Big Brother menace, demeurer rebelle reste le seul moyen de demeurer humain. » [22]
[1] L’association Souriez vous êtes filmés
Collectif Paris sans vidéosurveillance
http://www.paris-sans-videosurveillance.fr/
[2] La « vidéoprotection » remplace la « vidéosurveillance » (première ligne de l'article 17 de la Loppsi 2). Or, l’éditorial de La Lettre d’information des professionnels de la sécurité, police du 26 juillet 2008, réalisé par Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS et enseignant, précisait, pourtant, que «Parler de vidéoprotection constitue une erreur : cela revient à confondre les objectifs (protéger) et les moyens (capture d'images à distance et transmission à un PC ou exploitation a posteriori). Le titre cherche à légitimer une technologie en la rebaptisant : protection est connoté positivement et surveillance... négativement. Or, la technique permet bien de surveiller. Permet-elle de protéger ?». Il précise, en outre, que « s’il n'y a pas d'études sur l'efficacité de la vidéo en France, c'est parce que les pouvoirs publics dont l'Inhes (Institut national des hautes études de sécurité) n'ont pas souhaité en financer ». En résumé, circulez ! Il n’y a rien à voir !
Sebastian Roché, « Vidéosurveillance : la grande désillusion » in La Lettre d’information des professionnels de la sécurité, police n°93, 26 juillet 2008
[3] Marie Piquemal, « Les caméras se sont insidieusement installées dans le quotidien des gens » in Libération, 17 août 2007.
É.W., « Daniel Lejeune : "Les mentalités évoluent" » in La Voix du Nord, 17 avril 2010.
Delphine Pommier, « La vidéoprotection entrée dans les mœurs ? » in Nord Éclair, 4 septembre 2010.
http://www.nordeclair.fr/Locales/Roubaix/2010/09/04/la-videoprotection-entree-dans-les-moeur.shtml
[4] Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), « Vidéosurveillance : des garanties insuffisantes de protection de la vie privée conduisent le Conseil Constitutionnel à censurer la transmission d'images d'immeubles d'habitation », 26 février 2010.
Conseil constitutionnel, décision n°2010-604 DC du 25 février 2010
[5] Laurent Mucchielli, « La "vidéoprotection", une gabegie » in Vous avez dit sécurité ?, 31 mai 2011.
[6] Jacky Durand, « Sécurité : "Le mirage technologique" » in Libération, 15 octobre 2005.
http://www.liberation.fr/societe/0101545081-securite-le-mirage-technologique
Jacky Durand, « Des caméras peu efficaces pour prévenir la délinquance » in Libération, 10 juillet 2007.
http://www.liberation.fr/societe/0101107046-des-cameras-peu-efficaces-pour-prevenir-la-delinquance
Noé Le Blanc, « Sous l’œil myope des caméras » in Le Monde diplomatique, septembre 2008.
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/09/LE_BLANC/16294
« Sécurité : le point de vue d’un spécialiste » in Saint-Jeannet Demain, 11 novembre 2009.
http://sjd.typepad.fr/sjdemain/2009/11/s%C3%A9curit%C3%A9-le-point-de-vue-dun-sp%C3%A9cialiste.html
Philippe Madelin, « Vidéosurveillance : les questions » in Dans le secret des faits – Philippe Madelin, 23 novembre 2009.
http://phmadelin.wordpress.com/2009/11/23/video-surveillance-les-questions/
Georges Moréas, « Police municipale : à quand un mode d’emploi ? » in Police et cetera, 30 novembre 2009.
http://moreas.blog.lemonde.fr/2009/11/30/police-municipale-a-quand-un-mode-demploi/
Jacky Durand, « Un jeu de dupes entre Etat et élus » in Libération, 10 décembre 2009.
http://www.liberation.fr/societe/0101607729-un-jeu-de-dupes-entre-etat-et-elus
« Vidéosurveillance : le dossier » in Délinquance, justice et autres questions de société, 6 mai 2010.
http://www.laurent-mucchielli.org/index.php?post/2010/04/30/Vid%C3%A9osurveillance-%3A-le-dossier
Jean-Marc Manach, « L’impact de la vidéosurveillance est de l’ordre de 1 % » in Bug Brother, 28 juillet 2010.
http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2010/07/28/limpact-de-la-videosurveillance-est-de-lordre-de-1/
Jef Tombeur, « Vidéosurveillance : un marché de dupes ?» in C4N, 25 août 2010.
http://www.come4news.com/videosurveillance-un-marche-de-dupes-286910
Robin D’Angelo, « On a testé les caméras de surveillance de Levallois-Perret » in Street Press, 8 septembre 2010.
http://www.streetpress.com/sujet/997-on-a-teste-les-cameras-de-surveillance-de-levallois-perret
Christine Tréguier, « Le leurre de la vidéoprévention » in Politis, 24 février 2011.
http://www.politis.fr/De-quels-droits-Le-leurre-de-la,13155.html
[7] « Souriez, vous êtes filmés » in J’habite Vitry-le-François & ses environs, 23 avril 2010.
http://jhabite.vitry.over-blog.fr/article-souriez-vous-etes-filmez-49101783.html
[8] Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, « Co-financement de la vidéo-protection sur 75 sites prioritaires », Sartrouville, le mercredi 9 septembre 2009.
http://www.interieur.gouv.fr/sections/le_ministre/interventions/co-financement-video-protection
[9] Question n°45768 de Pierre Morel-A-L’Huissier, député UMP de Lozère, 31 mars 2009.
http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-45768QE.htm
[10] « Bretagne. Les caméras de vidéosurveillance gagnent du terrain » in Le Télégramme, 18 septembre 2009.
[11] Michel Deléan, « Mucchielli : "La couleur politique du maire n’est pas déterminante" » in Le Journal du Dimanche, 15 Août 2010
[12] S.A., « Vidéosurveillance : "Je ne désespère pas de convaincre le maire de Bourg" » in Le Progrès, 15 avril 2011.
[13] Mélanie Roddier, « Le policier municipal, "pas vraiment un policier" » in Zinfos974, 20 mai 2011.
http://www.zinfos974.com/Le-policier-municipal-pas-vraiment-un-policier_a28842.html
[14] Laurent Opsomer, « Sécurité : le lobbying des policiers municipaux » in Dans le secret des faits – Philippe Madelin, 26 janvier 2009.
http://phmadelin.wordpress.com/2009/01/26/securite-le-lobbying-des-policiers-municipaux/
[15] SNPM, « Dérives à la Police Municipale de Vitrolles (13) » in Le Post, 25 juin 2011.
http://www.lepost.fr/article/2011/06/25/2533221_derives-a-la-police-municipale-de-vitrolles-13.html
[16]Marie-Eve Wilson-Jamin, « La police fliquée ? » in France Soir, 5 septembre 2007.
http://www.francesoir.fr/actualite/societe/police-fliquee-20392.html
[17] Laurent Opsomer, « Polices municipales : la salade niçoise » in Double Neuf, 22 juin 2011.
http://doubleneuf.nordblogs.com/archive/2011/06/18/polices-municipales-la-salade-nicoise.html
[18] L.D., « Des policiers municipaux "fliqués" par la vidéosurveillance ? » in TF1 News, 25 juin 2011.
[19] Clément Tonnot, « Colmar. La police municipale dénonce des dérapages » in L’Alsace, 19 octobre 2010.
[20] Philippe Jérôme, « Les flics de Cannes ne veulent pas être fliqués »in L’Humanité, 1er décembre 2004.
http://humanite.fr/node/303696
[21] Christian Aniort, « Carcassonne. La police municipale a les yeux partout » in La dépêche du Midi, 29 juillet 2009.
[22] François Brune, « Rebelle à Big Brother » in Le Monde diplomatique, octobre 2000.
http://www.monde-diplomatique.fr/2000/10/BRUNE/14327
00:26 Publié dans Perso, Politique, Sécurité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : police municipale, vidéosurveillance, vidéoprotection, vitrolles, snpm, snpm-cftc, flicage, cannes, colmar, françois brune, laurent mucchielli, pierre morel-a-l'huissier, brice hortefeux, christine tréguier, robin d'angelo, jef tombeur, jean-marc manach, georges moréas, philippe madelin, noé le blanc, sebastian roché, ump
10/06/2011
ENGAGEZ-VOUS, RENGAGEZ-VOUS…
La gendarmerie recrute ! Nul ne peut échapper aux publicités de la maréchaussée qui fleurissent actuellement dans les pages des quotidiens et magazines. Même la Toile succombe à ce matraquage médiatique [1] ! Il est vrai que « Le recrutement constitue toujours un enjeu majeur pour une institution, privée ou publique, auquel elle doit répondre par une stratégie à la hauteur de ses attentes, quantitatives et qualitatives. Ce défi est d’autant plus prégnant pour la gendarmerie au regard de sa dimension de force armée en charge principale de missions de sécurité. L’Institution dispose déjà d’atouts indéniables mais doit être plus offensive afin d’entretenir son attractivité » [2].
Pour susciter les vocations, « un argumentaire [est] clairement structuré autour des notions de mérite, d’engagement, de disponibilité au service, notions étroitement liées au statut militaire. Cette position justifie une politique de ressources humaines traditionnellement favorable à l’ascension sociale et à l’épanouissement du personnel » [2]. Mieux, en sus de « la mise en œuvre annuelle de campagnes multimédias d’envergure, […] tous les acteurs de la chaînes de recrutement, et notamment les militaires des unités territoriales » sont mobilisés ; officiers et sous-officiers de gendarmerie (SOG) sont désormais sollicités simultanément comme agents recruteurs et VRP pour la promotion de la vidéosurveillance, pardon vidéoprotection [3].
Las ! Derrière les effets d’annonce, la réalité gendarmique est plus prosaïque, moins empathique. Conséquence de la RGPP (Révision générale des politiques publiques), la gendarmerie nationale recrute dorénavant davantage de contractuels à peine formés au statut précaire (gendarmes adjoints volontaires) que de sous-officiers (respectivement 7 000 et 2 500 pour 2011, auxquels s’ajoutent 2 500 réservistes). Car il faut bien mettre du bleu dans le paysage tout en dégraissant simultanément comme l’exige le gouvernement. Conséquence immédiate : les gendarmes adjoints volontaires (GAV), jeunes gens recrutés en CDD de 5 ans non renouvelable, ont en vérité peu d’espoirs de faire carrière au sein de l’Institution militaire à cause des milliers de suppressions de postes de sous-officiers. Comme le souligne le général Cavallier, « chaque année, les promotions de sous-officiers sont composés d’environ 40 % de candidats issus des gendarmes adjoints » [2]. Mais seuls 2 500 SOG seront recrutés en 2011, soit 1 000 postes pour… 14 500 GAV ; ce chiffre est un maximum puisque peuvent participer au concours interne de sous-officier de gendarmerie (SOG), non seulement les GAV mais aussi les Adjoints de sécurité (ADS) ayant un an de service au sein de la police nationale, les militaires des autres armées avec 4 ans de service ou les réservistes de la gendarmerie nationale. Pis, le nombre de postes de SOG diminue comme peau de chagrin. Jean Faure, sénateur UMP de l’Isère, note ainsi la poursuite de la diminution des effectifs en 2011 : « 957 ETPT (emplois équivalents temps plein travaillés) devraient être supprimés dans la gendarmerie nationale en 2011 en application de la règle de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, prévue dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) » [4]. Le parlementaire précise dans son avis que « La gendarmerie avait déjà connu une suppression de 965 emplois en 2008, de 1 246 en 2009 et de 1 303 ETPT en 2010 », soit quasiment la disparition de 4 500 postes ! [5] Les SOG sont les principales victimes de cette saignée, d’où leur colère [6]. Par conséquent, les perspectives professionnelles ne sont guère optimistes pour les GAV.
En dépit de cette évidence, les agents recruteurs sont, pourtant, fermement invités à présenter le recrutement des GAV « dans une logique gagnant-gagnant ». Dans ce but, la « perspective d’accès au métier de gendarme doit être mise en avant » et ils « doivent être plus offensifs dans la proposition faite aux jeunes gens de servir comme gendarme adjoint, en tenant un discours clair s’appuyant notamment sur l’atout de l’insertion professionnelle à l’issue du temps de GAV », avec cette injonction hiérarchique : « les gradés d’encadrement doivent prendre conscience de l’importance de leur rôle de formateur, voire de guide, inhérent à leur dimension de chef militaire, en se positionnant et en se comportant davantage comme tels »[2].
Finalement, comme les ADS de la police nationale, ces smicards corvéables à merci sont fortement incités en fin de contrat à s’orienter vers la sécurité privée (vigiles) ou à tenter le concours d’agent de police municipale car, à la différence des SOG, les GAV ne peuvent prétendre au détachement. Quid alors de l’ascenseur social ? Un leurre ?
[1] Charles Adeline, « Les réseaux sociaux un nouveau terrain de chasse » in Revue de la Gendarmerie Nationale n°238 du 1er trimestre 2011.
Sirpa Gendarmerie, La gendarmerie recrute aussi sur Facebook, 9 mai 2011.
http://www.defense.gouv.fr/gendarmerie/a-la-une/la-gendarmerie-recrute-aussi-sur-facebook
http://www.facebook.com/gendarmerienationale
[2] Général Bertrand Cavallier, « Recruter : une priorité stratégique et un défi permanent pour la gendarmerie » in Revue de la Gendarmerie Nationale n°238 du 1er trimestre 2011.
[3] La « vidéoprotection » remplace la « vidéosurveillance » (première ligne de l'article 17 de la Loppsi 2). Or, l’éditorial de La Lettre d’information des professionnels de la sécurité, police du 26 juillet 2008, réalisé par Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS et enseignant, précisait, pourtant, que «Parler de vidéoprotection constitue une erreur : cela revient à confondre les objectifs (protéger) et les moyens (capture d'images à distance et transmission à un PC ou exploitation a posteriori). Le titre cherche à légitimer une technologie en la rebaptisant : protection est connoté positivement et surveillance... négativement. Or, la technique permet bien de surveiller. Permet-elle de protéger ?». Il précise, en outre, que « s’il n'y a pas d'études sur l'efficacité de la vidéo en France, c'est parce que les pouvoirs publics dont l'Inhes (Institut national des hautes études de sécurité) n'ont pas souhaité en financer ». En résumé, circulez ! Il n’y a rien à voir !
[4] Jean Faure, sénateur UMP de l’Isère (Rhône-Alpes), Avis n°112 présenté le 18 novembre 2010 au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur le projet de loi de finances pour 2011, Tome IX, Sécurité Gendarmerie nationale, Sénat.
http://www.senat.fr/rap/a10-112-9/a10-112-97.html
[5] Ces suppressions sont bien supérieures aux prévisions initiales. En 2009, Aymeri de Montesquiou, sénateur RDSE du Gers (Midi-Pyrénées), observait que « Comme le programme "Police nationale", le programme "Gendarmerie nationale" connaît une baisse de ses effectifs en 2010, avec la disparition de 1.354 ETPT. […] L’effort de réduction des effectifs concerne essentiellement les sous-officiers, dont les effectifs passent de 76.368 ETPT en 2009 à 74.505 ETPT en 2010 (- 1.863 ETPT). […] Cette baisse s’inscrit dans une programmation triennale portant sur la période 2009-2011 et prévoyant, à son terme, la suppression de 3.000 ETPT de gendarmes. » (Source : Rapport général n°101 fait au nom de la commission des finances sur le projet de loi de finances pour 2010, adopté par l’Assemblée nationale, par Philippe Marini, Sénateur UMP de l’Oise, Rapporteur général, Tome III, Moyens des politiques publiques et dispositions spéciales (Seconde partie de la loi de finances), Annexe n° 28, Sécurité, Rapporteur spécial : Aymeri de Montesquiou, sénateur RDSE du Gers, Sénat, 19 novembre 2009).
[6] Forum Gendarmes en colère
http://gendarmes-en-colere.forum2discussion.net/t17197-les-effectifs-gendarmerie-pour-2010-plf2010
23:33 Publié dans Perso, Politique, Sécurité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gendarmerie nationale, recrutement, rgpp, gendarme adjoint volontaire, gav, ads, jean faure, charles adeline, bertrand cavallier, sebastian roché, aymeri de montesquiou, philippe marini