30/11/2012
SURENCHÈRE HOMOPHOBE : MARIER UN VIVANT ET UN MORT
Dans un billet aigre-doux pour dénoncer le mariage gay¹, Patrick Besson, éditorialiste du Point, se vautre dans l’homophobie la plus abjecte en dressant une liste de « quelques idées pour de futures unions à célébrer dans les mairies », dont celle entre un vivant et un mort. Or, n’est-ce pas ce que fît Nicolas Sarkozy en autorisant le mariage posthume d'Abel Chennouf, un des trois parachutistes assassinés par Mohamed Merah, et sa compagne Caroline, une union célébrée le 15 mars 2012 par Brigitte Barèges, députée-maire UMP de Montauban, en l'absence de la famille du militaire ?
¹ Patrick Besson, « Les mariés de l’an douze » in Le Point, 29 novembre 2012.
http://www.lepoint.fr/editos-du-point/patrick-besson/les-...
² « L’Elysée autorise le mariage posthume d’Abel Chennouf » in Le Midi libre avec AFP, 23 mars 2012.
http://www.midilibre.fr/2012/03/23/l-elysee-autorise-le-m...
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18/11/2012
MANUEL VALLS, LE CONNÉTABLE DE FRANCE
« Valls qui accuse la droite d’être responsable du retour du terrorisme, c’est… » [1] :
□ la porte !
□ sa première grosse bourde.
□ une erreur, mais il l’a reconnue.
□ une polémiquette.
□ bien envoyé !
□ le cadet de mes soucis.
■ habile !
Cette incartade relève, en réalité, davantage du dérapage prémédité que de la bévue improvisée.
Le ministre de l’Intérieur a, en effet, besoin de redorer son blason à gauche – sans pour autant se renier – et faire oublier par la même occasion les éloges des caciques de l’UMP à son égard, afin de recentrer son image après avoir dérivé durant des années sur la droite du PS et au-delà.
Mieux, en suscitant la fureur de l’UMP, il manœuvre adroitement pour protéger le président de la République en détournant une partie du flot médiatique au moment où les feux de la presse sont braqués sur François Hollande, qui doit justifier le même jour son revirement (reniement ?) politique lors d’un grand oral télévisé, un exercice éminemment risqué pour n’importe quel politicien. Pour l’actuel locataire de l’Élysée, cette querelle est un artifice délibéré qui lui permet de conforter à peu de frais sa stature de chef de l’État. [2]
La conférence présidentielle ayant été unanimement saluée par la presse, Manuel Valls a clos la polémique en exprimant ses regrets – et non ses excuses. [3]
Fidèle féal, il protège avec célérité le président de la République. Il le préserve des menaces extérieures et intérieures… au risque de l’isoler de sa propre majorité et de le confiner dans un autisme politique ; l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions.
Son ambition est toujours démesurée mais Manuel Valls sait que sa réussite dépend de la bonne fortune de son suzerain. Son destin est désormais lié au sien. Si l’Élysée lui est interdit, Matignon lui siérait bien ! Pas tout de suite évidemment, ni frontalement. [4] L’heure n’est pas à la précipitation, ni aux prétentions, d’autant que le ministre de l’Intérieur doit consolider sa position. S’appuyant sur son fief de l’Essonne, il doit trouver des alliés afin de museler, du moins neutraliser toute opposition à son ascension ; la « bande des quatre » est une parfaite illustration de cette farouche volonté. [5]
En dépit de sa popularité, le connétable de France est, cependant, confronté à un triple problème.
Il est toujours perçu comme le fils spirituel [6], d’autant qu’il y a une continuité avec les précédents gouvernements, depuis Nicolas Sarkozy à Claude Guéant, simplement parce les hommes mis en place par le pouvoir précédent sont toujours en place ! En effet, craignant d'être accusé d'une chasse aux sorcières, le gouvernement Ayrault n'a pas touché à l'organigramme de l'institution policière hormis quelques cas symboliques car trop compromis avec le système sarkozyste. [7] Les hommes étant les mêmes, comment changer le système, comment l'améliorer, comment lui donner une autre orientation ?
Ensuite, Alain Bauer, conseiller sécurité de Nicolas Sarkozy, a toujours l'oreille de Manuel Valls, son ami de 30 ans dont il est le parrain de l'un de ses enfants. [8]
Enfin, le ministre de l’Intérieur excelle dans la communication politique, son véritable domaine de prédilection. Force est de reconnaître qu'il a parfaitement maîtrisé la communication du candidat François Hollande. La communication, c'est sa force car c'est un véritable animal politique... comme Nicolas Sarkozy. D'ailleurs, aujourd'hui, on ne lui demande pas d'assurer mais de rassurer.
[1] « Valls qui accuse la droite d’être responsable du retour du terrorisme, c’est… » in L’Express.fr, 14 novembre 2012.
[2] Delphine Legouté, « Quand François Hollande rappelle à l’ordre Manuel Valls » in Le Lab d’Europe 1, 13 novembre 2012.
http://lelab.europe1.fr/t/quand-francois-hollande-rappelle-a-l-ordre-manuel-valls-5881
Sophie Huet, « Terrorisme : Hollande rappelle Valls à l’ordre » in Le Figaro, 13 novembre 2012.
[3] « Manuel Valls regrette ses propos sur la droite et le terrorisme » in Le Monde avec AFP, 14 novembre 2012.
[4] Grégoire Biseau et Lilian Alemagna, « Ayrault défend son poste » in Libération, 27 septembre 2012.
http://www.liberation.fr/politiques/2012/09/27/ayrault-defend-son-poste_849447
[5] Grégoire Biseau, « La "bande des quatre" : six facettes et petits calculs » in Libération, 27 septembre 2012.
Charlotte Chaffanjon, « PS – Ce qui se cache derrière "la bande des quatre" » in Le Point, 27 octobre 2012.
[6] Laurent Opsomer, « Place Beauvau : le fils spirituel » in Double Neuf, 20 mai 2012.
http://doubleneuf.nordblogs.com/archive/2012/05/20/place-...
Sebastian Roché, « La comparaison Valls Sarkozy. Quelle pertinence ? » in Sebastian Roché, 9 novembre 2012.
http://sebastianroche.blog.fr/2012/11/09/la-comparaison-v...
[7] Laurent Borredon, « Le gouvernement tente de reprendre le ministère de l’Intérieur en douceur » in Vu de l’intérieur, 8 octobre 2012.
[8] Nathalie Segaunes, « Le sarkoboy qui chuchote à l’oreille de Valls » in Le Parisien, 19 octobre 2012.
Alexandre Devecchio, « Alain Bauer : "Manuel Valls ne doit pas craindre de devenir la bête noire d’une certaine gauche" » in Atlantico.fr, 28 juin 2012.
10:46 Publié dans Perso, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manuel valls, françois hollande, terrorisme, droite, ump, assemblée nationale, polémique, bourde, bévue, ministre de l'intérieur, provocation, erreur
26/10/2012
PACTE DE COMPÉTITIVITÉ : UNE OPPORTUNITÉ CIBLÉE
Alors que la polémique enfle à propos du rapport Gallois et ses propositions en matière de compétitivité, nous nous permettons d’apporter une modeste contribution au débat.
Rappelons d’abord que les marges, les coûts de production et les taux de change sont les trois éléments à prendre en compte pour la compétitivité des entreprises.
Il est, ensuite, nécessaire de définir ce que recouvrent les coûts de production, à savoir : le coût du capital, le coût salarial, le coût des services, le coût de l’énergie et le coût de l’immobilier (auxquels on peut également ajouter le coût de l’innovation, même s’il relève, selon nous, davantage des éléments susvisés). Par conséquent, le coût salarial n’est qu’un aspect des coûts de production ; c’est une vérité qu’il ne faut surtout pas oublier.*
De plus, il ne faut pas perdre de vue la finalité du pacte de compétitivité voulu par le président de la République : favoriser l’appareil productif car l’industrie crée des emplois de services alors que l’inverse n’est pas vrai. Or, une baisse massive des charges sociales bénéficierait paradoxalement et principalement aux banques et au secteur des services, des activités nullement menacées de délocalisation.
Dès lors, dans le cadre d’un budget contraint, il est impératif d’opérer des choix pertinents et efficients. Le pacte de compétitivité doit donc concentrer ses efforts sur l’industrie et cibler prioritairement les PMI exportatrices car seules les petites et moyennes industries sont capables aujourd'hui de relancer l’emploi en France.
Dans cette perspective, l’attribution de l’aide étatique doit être soumise à une double condition cumulative : l’entreprise bénéficiaire doit relever du secteur secondaire et exporter tout ou partie de sa production. En outre, les PMI doivent être les principales bénéficiaires du soutien de la banque publique d’investissement à venir.
* Gilles Halais, « Un ouvrier français ne coûte pas plus cher qu’un ouvrier allemand (Insee) » in France Info, mardi 21 février 2012.
Claire Guélaud, « Coût du travail : la France et l’Allemagne à égalité dans l’industrie manufacturière » in Contes publics, 22 février 2012.
Dominique Demailly, Diane Marlat et Laurence Rioux, « Les déterminants du coût du travail en France » in Insee Première n°1393 de février 2012.
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