10/09/2013
SYRIE : LA FRANCE IMPUISSANTE ?
La Syrie est déchirée par une guerre civile intercommunautaire sur fond de mosaïque religieuse marquée notamment par la rivalité séculaire entre sunnites et chiites. Si l’engagement de forces terrestres est exclu dans ce pays, est-il pourtant impossible d’y frapper un coup de semonce afin d’interdire l’usage de cette arme de terreur que sont les gaz de combat ? Notre aviation est-elle vraiment incapable de bombarder seule quelques cibles stratégiques en Syrie alors qu’Israël y a mené deux raids cette année (aux mois de janvier et de mai), même s’ils n’ont jamais été officiellement revendiqués par l’Etat hébreu ? Sommes-nous à ce point dépendants des Etats-Unis d’Amérique ? Visiblement, la grandeur gaullienne est bel et bien révolue ; le retour intégral au sein de l’OTAN en 2009 a été létal pour notre indépendance nationale. D’ailleurs, avons-nous encore les moyens de nos ambitions ? Finalement, la crise syrienne pose aujourd’hui avec acuité la question du poids de la France sur la scène internationale.
22:12 Publié dans France, Perso, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, syrie, intervention, bombardement, armée, aviation, armes chimiques, etats-unis, usa, israël, indépendance nationale, crise syrienne, guerre civile, diplomatie, relations internationales
09/08/2013
UNIVERSITÉ : LA GÉNÉROSITÉ D'ARPAGON ?
Légère augmentation et sensible extension des bourses aux étudiants les plus modestes. (1) Cette annonce estivale devrait réjouir les principaux intéressés... à condition que cette mesure ne s'accompagne pas d'une hausse des droits d'inscription. Or, autonomie oblige, les universités françaises sont aujourd'hui en mal de financement ; "La conférence des présidents d'université a estimé à 10 milliards d'euros les financements supplémentaires nécessaires si l'on souhaite que les universités françaises rivalisent avec celles des autres pays développés." (2) En dépit des discours lénifiants, l'Etat n'a plus les moyens de ses ambitions et ce, depuis plusieurs années (en 2007, Nicolas Sarkozy avait promis de consacrer 3 % du PIB à la recherche et à l'enseignement supérieur, une promesse jamais concrétisée). La multiplication des ressources est donc impérative pour nos universités, ce qui induit la nécessité d'instaurer - avec la bénédiction de l'Etat - des partenariats avec le secteur privé, doux euphémisme d'une privatisation rampante, qui n'empêchera pas, cependant, un endettement croissant des étudiants auprès des généreux mécènes que sont les organismes de crédit, qui proposent d'ores et déjà des prêts différés à des taux variables en fonction des garanties de remboursement (la caution parentale est l'élément le plus déterminant pour l'acceptation du crédit par une banque). Aux Etats-Unis, l'endettement étudiant atteint désormais les mille milliards de dollars et les étudiants y sont durablement endettés avant même de travailler... (3) Le modèle anglo-saxon suscite pourtant l'intérêt de l'aile droite du PS, incarnée par Manuel Valls, Pierre Moscovici et Cie, désormais plus proche du social-libéralisme que de la social-démocratie. (4)
(1) Marie-Christine Corbier, Les aides aux étudiants revalorisées dès la rentrée 2013 in Les Echos, 16 juillet 2013.
http://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/actu/...
(2) Manuel Valls, Pouvoir, Stock, 2010, 288 pages, pages 189 et 190.
(3) Sylvain Cypel, Aux Etats-Unis, la dette estudiantine atteint mille milliards de dollars in Le Monde, 15 mai 2013.
http://www.lemonde.fr/education/article/2013/05/15/aux-et...
(4) Dans son livre Pouvoir, Manuel Valls souligne que "L'exemple des universités britanniques est intéressant" (page 190).
11:06 Publié dans Education, Perso | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : université, financement, étudiant, bourses, endettement, privatisation, france
03/07/2013
LA FRANCE EN FAILLITE ? TOO BIG TO FAIL !
« 2014 : un budget de rigueur historique », titre Le Monde dans son édition des dimanche 30 juin et lundi 1er juillet 2013. Ce budget est une réponse aux rappels à l’ordre de Bruxelles et de la Cour des comptes. « Je suis à la tête d’un Etat qui est en situation de faillite », avait lancé, le 21 septembre 2007, François Fillon lors de son premier déplacement officiel en Corse en tant que Premier ministre. Un « Etat totalement en faillite », surenchérissait Michel Sapin, le ministre du Travail, le dimanche 27 janvier 2013 sur Radio J. Une saillie sous forme d’ironie, paraît-il. [1] Dans tous les cas, « la France est dans une situation terrifiante. La récession va s’aggraver, donc le chômage va augmenter. Il y a le feu » (dixit Michel Rocard). [2] Il est vrai que la charge de la dette (c’est-à-dire ses intérêts) est devenu le premier poste budgétaire de la France en 2012 (donc sous la présidence de Nicolas Sarkozy), soit, à titre de comparaison, presque la totalité de l’impôt sur le revenu payé par les Français cette année-là ! [3] Dans la loi de finances 2013, elle s’élève à 56,14 milliards d’euros, soit 14,19 % du budget de l’État ! [4] Logiquement, « La charge de la dette grève les marges de manœuvre de l’action publique ». [5] Pourtant, ce n’est pas l’existence de la dette qui pose problème mais que celle-ci ne génère pas de croissance. On peut, en effet, toujours refinancer cette dernière, d’autant qu’elle fait vivre les marchés financiers pour lesquels c’est une véritable rente ! Dès lors, ceux-ci n’ont aucun intérêt à tuer la poule aux œufs d’or. D’ailleurs, imagine-t-on sérieusement à Paris ou à Bruxelles que notre pays, deuxième puissance européenne et cinquième mondiale, fasse vraiment défaut un jour ? La chute de la France ferait passer la faillite de Lehman Brother [6] pour une douce rigolade puisqu’un tel naufrage aspirerait toute la zone euro, qui sombrerait alors dans les abîmes en entraînant à son tour l’économie mondiale dans un infernal et dévastateur maelström. Ce serait l’an zéro de la mondialisation ! Cette apocalypse financière aux conséquences incalculables effraie assurément les citoyens mais s’apparente en réalité aux contes de Grimm, des contes d’autant plus populaires qu’ils étaient en vérité au service de la morale puritaine et patriarcale.
[1] « Pour Sapin, la France "totalement en faillite", et l’ironie » in Libération avec AFP, 27 janvier 2013.
[2] Nicolas Prissette, « Rocard : "Travailler jusqu’à 65 ans" » in Le Journal du dimanche, samedi 26 janvier 2013
http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Michel-Rocard-propose-de-travailler-jusqu-a-65-ans-588196
[3] « La charge de la dette devient le premier poste budgétaire de la France » in France Info, mercredi 28 septembre 2011.
[4] « Qu’est-ce que la charge de la dette ? » in Vie publique, 12 juin 2013.
[5] Marie de Vergès, « La charge de la dette grève les marges de manœuvre de l’action publique » in Le Monde, 15 mai 2013.
[6] Caroline Talbot, « Le jour où… Lehman Brothers a fait faillite » in Libération, 14 septembre 2009.
http://www.liberation.fr/economie/0101590674-le-jour-ou-lehman-brothers-a-fait-faillite
Alexandra Le Chaffotec et Thomas Porcher, enseignants-chercheurs à l'ESG Management School, « De la faillite de Lehman Brothers à la crise grecque » in La Tribune, 3 octobre 2011.
Grégory Raymond, « Chute de Lehman Brothers : tout ce que vous devez savoir sur ce qu’il s’est passé depuis » in Le Huffington Post, 15 septembre 2012.
22:31 Publié dans Economie, Perso | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : france, faillite, rigueur, austérité, crise, déficit, budget, too big to fail