03/07/2013
LA FRANCE EN FAILLITE ? TOO BIG TO FAIL !
« 2014 : un budget de rigueur historique », titre Le Monde dans son édition des dimanche 30 juin et lundi 1er juillet 2013. Ce budget est une réponse aux rappels à l’ordre de Bruxelles et de la Cour des comptes. « Je suis à la tête d’un Etat qui est en situation de faillite », avait lancé, le 21 septembre 2007, François Fillon lors de son premier déplacement officiel en Corse en tant que Premier ministre. Un « Etat totalement en faillite », surenchérissait Michel Sapin, le ministre du Travail, le dimanche 27 janvier 2013 sur Radio J. Une saillie sous forme d’ironie, paraît-il. [1] Dans tous les cas, « la France est dans une situation terrifiante. La récession va s’aggraver, donc le chômage va augmenter. Il y a le feu » (dixit Michel Rocard). [2] Il est vrai que la charge de la dette (c’est-à-dire ses intérêts) est devenu le premier poste budgétaire de la France en 2012 (donc sous la présidence de Nicolas Sarkozy), soit, à titre de comparaison, presque la totalité de l’impôt sur le revenu payé par les Français cette année-là ! [3] Dans la loi de finances 2013, elle s’élève à 56,14 milliards d’euros, soit 14,19 % du budget de l’État ! [4] Logiquement, « La charge de la dette grève les marges de manœuvre de l’action publique ». [5] Pourtant, ce n’est pas l’existence de la dette qui pose problème mais que celle-ci ne génère pas de croissance. On peut, en effet, toujours refinancer cette dernière, d’autant qu’elle fait vivre les marchés financiers pour lesquels c’est une véritable rente ! Dès lors, ceux-ci n’ont aucun intérêt à tuer la poule aux œufs d’or. D’ailleurs, imagine-t-on sérieusement à Paris ou à Bruxelles que notre pays, deuxième puissance européenne et cinquième mondiale, fasse vraiment défaut un jour ? La chute de la France ferait passer la faillite de Lehman Brother [6] pour une douce rigolade puisqu’un tel naufrage aspirerait toute la zone euro, qui sombrerait alors dans les abîmes en entraînant à son tour l’économie mondiale dans un infernal et dévastateur maelström. Ce serait l’an zéro de la mondialisation ! Cette apocalypse financière aux conséquences incalculables effraie assurément les citoyens mais s’apparente en réalité aux contes de Grimm, des contes d’autant plus populaires qu’ils étaient en vérité au service de la morale puritaine et patriarcale.
[1] « Pour Sapin, la France "totalement en faillite", et l’ironie » in Libération avec AFP, 27 janvier 2013.
[2] Nicolas Prissette, « Rocard : "Travailler jusqu’à 65 ans" » in Le Journal du dimanche, samedi 26 janvier 2013
http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Michel-Rocard-propose-de-travailler-jusqu-a-65-ans-588196
[3] « La charge de la dette devient le premier poste budgétaire de la France » in France Info, mercredi 28 septembre 2011.
[4] « Qu’est-ce que la charge de la dette ? » in Vie publique, 12 juin 2013.
[5] Marie de Vergès, « La charge de la dette grève les marges de manœuvre de l’action publique » in Le Monde, 15 mai 2013.
[6] Caroline Talbot, « Le jour où… Lehman Brothers a fait faillite » in Libération, 14 septembre 2009.
http://www.liberation.fr/economie/0101590674-le-jour-ou-lehman-brothers-a-fait-faillite
Alexandra Le Chaffotec et Thomas Porcher, enseignants-chercheurs à l'ESG Management School, « De la faillite de Lehman Brothers à la crise grecque » in La Tribune, 3 octobre 2011.
Grégory Raymond, « Chute de Lehman Brothers : tout ce que vous devez savoir sur ce qu’il s’est passé depuis » in Le Huffington Post, 15 septembre 2012.
22:31 Publié dans Economie, Perso | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : france, faillite, rigueur, austérité, crise, déficit, budget, too big to fail
Commentaires
Les Echos aboutissent à la même conclusion. Guillaume Maujean, rédacteur en chef Finance-Marchés du quotidien économique, écrit à ce propos : "Alors que son économie est encalminée et que ses réformes patinent, la France emprunte sur les marchés à des taux historiquement bas. Etonnant paradoxe, qui s'explique par une raison assez peu avouable : la dette du pays est devenue « too big to fail ». "
Guillaume Maujean, "Pourquoi les marchés ne tueront jamais la France" in Les Echos, 19 déc. 2013.
http://www.lesechos.fr/opinions/analyses/0203194097958-pourquoi-les-marches-ne-tueront-jamais-la-france-638367.php
Écrit par : Opsomer | 19/12/2013
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