18/11/2011

« L’ESPRIT DE JOUISSANCE »

Le 25 juin 1940, plutôt que d’incriminer le conservatisme, pour ne pas dire l’incompétence du haut-commandement aux visions tactiques surannées, le chef de l’Etat français, le maréchal Pétain, imputa la défaite militaire à « nos relâchements », à « l’esprit de jouissance » des Français (le Front populaire ayant notamment eu l’audace d’instaurer les premiers congés payés en 1936 et de réduire le temps de travail à 40 heures hebdomadaires), appelant « à un redressement intellectuel et moral » du pays. « On a revendiqué plus qu'on a servi. On a voulu épargner l'effort : on rencontre aujourd'hui le malheur », conclut-il à l’époque, précisant par la suite que « Tous les Français […] ont d'abord le devoir de travailler, ceux qui méconnaîtraient ce devoir ne mériteraient plus leur qualité de citoyen. » Or, qu’entend-on ces dernières années ? La même dénonciation de la préférence pour la consommation et les loisirs, sans oublier les 35 heures (pourtant consciencieusement et méticuleusement détricotées par l’UMP), la même ambition de remettre la France au travail [1], la même prétention d’incarner une société d’ordre… pour aboutir à une société d’ordres ? Finalement, comme le chantait Renaud Séchan, « Mais depuis des éternités l'a pas tell'ment changé la France/Passent les jours et les semaines,/Y a qu'le décor qui évolue,/La mentalité est la même :/Tous des tocards, tous des faux culs. » (Hexagone, 1975) [2] 



[1] Benjamin Hutter, « Jean-François Copé : Les Français ne travaillent pas assez ! » in DijOnscOpe, jeudi 9 décembre 2010.

http://www.dijonscope.com/009825-jean-francois-cope-les-francais-ne-travaillent-pas-assez-nbsp

 

Sophie Péters, « Les Français paresseux au travail, une réputation usurpée » in La Tribune, 10 novembre 2011.

http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/201111...

 

[2] Renaud Séchan, Hexagone, 1975

http://www.youtube.com/watch?v=2RQHsn2ilfA

14/11/2011

CRISE : LA "DIVINE SURPRISE" ?

ump,rigueur,crise,austérité,france,déficit,triple a,aaa,modèle social français,nicolas sarkozy,2012En 1940, Charles Maurras, chantre de la droite nationaliste, salua l’accession au pouvoir du maréchal Pétain, suite à la cuisante défaite de notre pays face à l’Allemagne nazie, comme une "divine surprise". Aujourd’hui, la crise actuelle serait-elle la "divine surprise" de la droite libérale ? Cette dernière se félicite, en effet, de la succession des plans de rigueur qui, progressivement, laminent le modèle français d’après 1945, celui né du programme du Conseil national de la Résistance (CNR). Ainsi, peut-on lire sous la plume d’Olivier Dassault que « les agences de notation maintiennent la note triple A de la France parce qu’elles apprécient les efforts engagés pour redresser nos finances publiques » (Valeurs actuelles, 10/11). Au nom de cette soumission au capital, la droite se serait certainement opposée à la générosité fraternelle du programme du CNR invoquant indifféremment le réalisme économique et l’orthodoxie financière, d’autant que la situation nationale était alors catastrophique avec un pays ruiné et ravagé par la guerre, une économie exsangue et des déficits abyssaux mais à l’époque, elle n’a pu s’y opposer puisque singulièrement affaiblie pour cause de collaboration. Mais qui se souvient de ces mots de Denis Kessler, ancien vice-président du MEDEF et actuel PDG du groupe SCOR : il faut « défaire méthodiquement le programme du CNR » en précisant « le gouvernement s'y emploie » (Challenges, 4 octobre 2007) ? [1]

 

 

 

 

[1] Philippe Mabille, « Un plan de rigueur peut en cacher un autre » in La Tribune, 9 novembre 2011.

http://www.latribune.fr/opinions/editos/20111108trib000662583/un-plan-de-rigueur-peut-en-cacher-un-autre.html

« Démanteler un modèle social français devenu trop coûteux, voilà donc le vrai projet que nous mijote Nicolas Sarkozy pour sa campagne de 2012. »

25/08/2011

MINI-TAXE MAIS MAXI PUB !

Une contribution exceptionnelle sur les plus hauts revenus ? Une mesure provisoire trop tardive, trop faible et, surtout contraire à la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789, notamment son article 13 qui spécifie que « Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable. Elle doit être également répartie entre tous les Citoyens, en raison de leurs facultés. » En effet, cette taxation, exceptionnellement faible, ne remet pas en cause les cadeaux fiscaux accordés aux plus fortunés (la dernière réforme de l’ISF par exemple) et ne compense même pas le coût des mesures néfastes comme le bouclier fiscal. Pis, les plus riches demeurent toujours proportionnellement moins imposés que la majorité des Français. Preuve que l’UMP n’a nullement renié ses fondamentaux, ni abandonné son électorat traditionnel. Finalement, le tapage médiatique autour de cette mini-taxe provisoire relève davantage de la manipulation politique que de l’efficience économique ou de la justice sociale et fiscale. Pour plagier Jacques Dutronc, c’est mini-taxe mais maxi-pub !

 

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Caricature tirée du Canard enchaîné n°4739 du 24 août 2012, page 2.