09/01/2015

JE SUIS CHARLIE

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« Je suis Charlie » fleurit sur la Toile. Tels les œillets de la révolution portugaise, ce message est le symbole de l’espérance et de la résistance à l’intégrisme et au terrorisme. Pourtant, les commentaires de ceux qui l’affichent sont parfois aux antipodes de la philosophie de Charlie Hebdo et s’apparentent à une deuxième mort pour les victimes de l’hebdomadaire satirique, qui brocardaient allègrement tous les extrémismes, qu’ils fussent religieux ou politiques ; Charlie Hebdo est, avant tout, un magazine de combat, qui défend le front de la laïcité, la plume à la main. Les auteurs des propos haineux, ouvertement islamophobes, montrent non seulement leur ignorance des religions en général, de l’islam en particulier, mais aussi leur mépris pour les victimes puisque l’un des deux policiers abattus s’appelle… Ahmed.

03/01/2015

TERRORISME ?

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A Joué-lès-Tours, le scénario terroriste se dégonfle comme une baudruche. Le Premier ministre, Manuel Valls, s’est pourtant emparé de cette sanglante tragédie, évoquant une menace terroriste imminente alors que le 7 mai 2013, une agression similaire dans la brigade de gendarmerie de Roussillon en Isère (illustration ci-dessus) n’avait nullement suscité cet alarmisme. Finalement, est-ce là une nouvelle tentative de diversion politique pour détourner l’attention publique des mauvaises nouvelles sur le front économique (hausse du chômage, croissance anémique, endettement record malgré une austérité historique…) ou une nième tentative de manipulation de l’opinion dont sont si friands d’ambitieux politiciens depuis 2002 ? D’ailleurs, parmi ces derniers, engagés dans une surenchère sécuritaire délibérée, certains n’ont pas hésité à faire l’amalgame entre les drames de Joué, Dijon et Nantes, au risque d’affoler la population, alors que ces trois affaires n’ont aucun lien entre elles. Mais il est vrai qu’aujourd’hui, les Français sont non seulement pessimistes mais aussi d’humeur répressive. Comme l’écrivait Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, en 2010 : « Croissance zéro et tolérance zéro vont de pair, récession et répression font une rime riche ».*

 

* Christophe Barbier, « Sécurité : les sept paris de Nicolas Sarkozy » in L’Express, 17 août 2010.

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09/10/2014

DISCOUNT SALARIAL

Alors que le gouvernement de Manuel Valls prépare une nouvelle offensive contre les chômeurs et les salariés, voici un exemple édifiant du discount salarial que l’Etat promeut. 

 

La sécurité nationale payée au smic 

 

C’est une offre d’emploi terriblement alléchante que les étudiants de Sciences-Po ont pu découvrir sur le site « Sciences Po Avenir ». Le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN). C’est-à-dire les services du Premier ministre, comme le précise l’annonce. Ajoutant même, pour le frisson : « en liaison étroite avec la présidence de la République ». 

Pour occuper ce premier poste – huit mois de CDD avec bureau aux Invalides –, le candidat doit posséder un master en relations internationales, sciences politiques ou sécurité et défense. Il doit aussi exceller en anglais, avoir de « très bonnes connaissances » des institutions européennes et de l’Otan, comprendre les « dynamiques institutionnelles françaises », avoir « d’excellentes capacités rédactionnelles, d’analyse et de synthèse », un bel esprit d’initiative, le sens de l’autonomie et de l’organisation, la capacité de travailler en réseau et au sein d’une équipe, être ponctuel et d’« une grande rigueur ». 

Sous le contrôle des chargés de mission, l’heureux vacataire aura pour tâche de « renforcer le pôle questions stratégiques », de rédiger des notes de synthèse sur l’Otan et l’Union européenne, de suivre et d’analyser la « situation politico-sécuritaire en Europe de l’Ouest », de « contribuer aux travaux ministériels » et de « participer au travail sur la défense antimissile balistique et les trafics d’armes ». Rien que ça. 

Salaire de ce spécialiste : 1 300 euros par mois. Le smic d’un terrassier qui débute dans le béton. 

Le destin du jeune au service de la France est passé de « mourir pour la patrie » à « trimer pour elle », mais l’essentiel est préservé : le sens du sacrifice.

 

Source : Le Canard enchaîné n°4901 du mercredi 1er octobre 2014, page 5.

 

1 300 euros pour un bac+5, soit le salaire d’une femme de chambre au Royal Monceau, palace parisien, propriété d’un fonds souverain qatari. 

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