09/10/2014

DISCOUNT SALARIAL

Alors que le gouvernement de Manuel Valls prépare une nouvelle offensive contre les chômeurs et les salariés, voici un exemple édifiant du discount salarial que l’Etat promeut. 

 

La sécurité nationale payée au smic 

 

C’est une offre d’emploi terriblement alléchante que les étudiants de Sciences-Po ont pu découvrir sur le site « Sciences Po Avenir ». Le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN). C’est-à-dire les services du Premier ministre, comme le précise l’annonce. Ajoutant même, pour le frisson : « en liaison étroite avec la présidence de la République ». 

Pour occuper ce premier poste – huit mois de CDD avec bureau aux Invalides –, le candidat doit posséder un master en relations internationales, sciences politiques ou sécurité et défense. Il doit aussi exceller en anglais, avoir de « très bonnes connaissances » des institutions européennes et de l’Otan, comprendre les « dynamiques institutionnelles françaises », avoir « d’excellentes capacités rédactionnelles, d’analyse et de synthèse », un bel esprit d’initiative, le sens de l’autonomie et de l’organisation, la capacité de travailler en réseau et au sein d’une équipe, être ponctuel et d’« une grande rigueur ». 

Sous le contrôle des chargés de mission, l’heureux vacataire aura pour tâche de « renforcer le pôle questions stratégiques », de rédiger des notes de synthèse sur l’Otan et l’Union européenne, de suivre et d’analyser la « situation politico-sécuritaire en Europe de l’Ouest », de « contribuer aux travaux ministériels » et de « participer au travail sur la défense antimissile balistique et les trafics d’armes ». Rien que ça. 

Salaire de ce spécialiste : 1 300 euros par mois. Le smic d’un terrassier qui débute dans le béton. 

Le destin du jeune au service de la France est passé de « mourir pour la patrie » à « trimer pour elle », mais l’essentiel est préservé : le sens du sacrifice.

 

Source : Le Canard enchaîné n°4901 du mercredi 1er octobre 2014, page 5.

 

1 300 euros pour un bac+5, soit le salaire d’une femme de chambre au Royal Monceau, palace parisien, propriété d’un fonds souverain qatari. 

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17/12/2011

2000 € BRUTS, ET APRÈS ?

2 000 € bruts pour les professeurs débutants, annonce le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel. [1] Tant mieux pour eux parce qu’ils le valent bien ! Pour ma part, enseignant depuis maintenant une dizaine d’années (échelon 7), mon traitement brut s’élève à 2 291,99 €, soit, après déduction des prélèvements sociaux, 1 958,09 € par mois. Cependant, comme l’a annoncé le gouvernement le 19 avril dernier, mon salaire est « gelé » pour la deuxième année consécutive puisque la valeur du point d’indice salarial des fonctionnaires ne sera pas augmentée en 2012. Cela dit, il est peu probable que cette revalorisation en faveur des jeunes professeurs dynamise les candidatures car, hérésie de la profession, l’argent n’est pas le moteur des vocations. Il est, par conséquent, vraisemblable que cette mesure ne résoudra pas les difficultés croissantes de recrutement liées à la formation (moins de postes ouverts aux concours, un master hasardeux…) et au métier (une image dégradée, des missions dénaturées…). La pénurie ne fait donc que commencer et, simultanément, la précarité au sein du corps enseignant va s’aggraver en raison d’un recours accru à des vacataires corvéables à merci.



[1] « 2000 euros bruts pour les profs débutants » in Nousvousils, 25 novembre 2011.

http://www.vousnousils.fr/2011/11/25/2000-e-bruts-pour-les-profs-debutants-517226