16/08/2011

CRISE FINANCIÈRE : OÙ EST LA LOGIQUE ?

« Record de rachat de dettes publiques pour la BCE », titre Libération (1). « Pour soutenir l'Italie et l'Espagne, la Banque centrale européenne (BCE) a racheté 22 milliards d'euros d'obligations publiques de la zone euro sur une semaine, un record. […] Son président Jean-Claude Trichet avait annoncé en des termes laconiques début août que la BCE reprenait ses rachats, qu'elle n'effectue depuis le début qu'à contre-coeur. » D’autant plus à contrecœur que la BCE prête à taux réduit aux banques afin que celles-ci puissent financer la dette des Etats, mais à des taux largement supérieurs, dette que rachète désormais la BCE. Où est la logique financière ?

 

 

(1) « Record de rachat de dettes publiques pour la BCE » in Libération.fr avec AFP, 15 août 2011.

http://www.liberation.fr/economie/01012354332-record-de-rachat-de-dettes-publiques-pour-la-bce

01/08/2011

AU NOM DE QUELLE IDÉOLOGIE…

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« Au nom de quelle idéologie peut-on ignorer le sort des victimes pour ne s’intéresser, encore et toujours qu’aux délinquants, objets d’études, objets d’explication, objets d’excuse sociologique ou sociale et de compassion ? », s’offusquait en 2003 le ministre de l’Intérieur [1]. Pourquoi, en effet, s’interroger sur la personnalité d’Anders Behring Breivik, nouveau symbole du terrorisme d’extrême droite, alors que simultanément tout a été fait ces dernières années pour banaliser l’extrême droite, désormais pudiquement qualifiée de droite extrême, nationaliste ou populiste (populaire ?), au mieux d’ultra-droite ? Or, comme le rappelle le magazine Marianne, « Oui, l’extrême droite TUE » (n°745 du 30 juillet au 5 août 2011). En 2003, Nicolas Sarkozy affirmait que « Le premier risque est évident, il concerne le terrorisme ». Mais dans son discours, l’ennemi est invariablement et uniquement l’étranger, l’immigré ; aujourd’hui comme hier, il ne considère pas l’extrême droite comme un danger pour la sécurité mais un enjeu électoral, d’où sa perpétuelle fuite en avant [2]. Cependant, comme le remarque Patrick Apel-Muller, « Les discours de haine raciste enfièvrent aisément les esprits faibles qui rêvent de pouvoirs forts » (L’Humanité, 25/07). Ainsi, qui se souvient de l’attentat raté de Maxime Brunerie contre Jacques Chirac le 14 juillet 2002 ? Par conséquent, est-il inconcevable de craindre à l’avenir un Breivik français ? Au vu de certaines réactions anonymes ou politiques [3] suite à la tragédie norvégienne, c’est une hypothèse impossible à exclure, d’autant que « Le tueur [d’Oslo] était un habitué des forums d’ultradroite sur lesquels son crime est aujourd’hui analysé, justifié, voire appelé à se reproduire » [4]. Dès lors, il faut vraisemblablement rappeler à l’ancien ministre de l’Intérieur, désormais président de la République, sa conclusion d’alors : « La menace existe. Il serait irresponsable de ne pas en tenir compte »… ou de l’attiser.



[2] « Il s’agit, on le sait, de phagocyter les idées du FN en espérant "siphonner" ses électeurs. Mais cette tactique, si elle ramène quelques frontistes à l’UMP, lui fait perdre autant ou plus de modérés. Et elle a pour effet pervers de valoriser les idées en question aux yeux d’un électorat qui, par dépit ou par protestation, hésitait à voter pour le Front. Tout cela contribue bien sûr à accréditer l’idée selon laquelle, en revêtant des habits neufs et en refaisant les peintures, le FN version Marine Le Pen aurait changé de nature » (Erik Emptaz, « Les dégâts de la Marine » in Les dossiers du Canard enchaîné n°120 de juillet 2011).

 

[3] Samuel Laurent, « Attentats en Norvège : la "fachosphère" française entre colère et admiration » in lemonde.fr, 26 juillet 2011.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/07/26/oslo-la-fachosphere-francaise-entre-colere-et-fascination_1552852_823448.html

 

« Attentats d’Oslo : un membre du FN suspendu pour apologie de Breivik » in lemonde.fr avec AFP, 26 juillet 2011.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/07/26/attentats-d-oslo-le-mrap-porte-plainte-contre-un-candidat-fn_1553046_823448.html

 

Caroline Monnot, « Jean-Marie Le Pen juge la "naïveté" de la Norvège plus grave que la tuerie d’Oslo » in Le Monde, 31 juillet 2011.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/07/30/jean-marie-le-pen-juge-la-naivete-de-la-norvege-plus-grave-que-la-tuerie-d-oslo_1554429_823448.html

 

« Attentats d’Oslo : Marine Le Pen refuse de condamner les propos de son père » in lemonde.fr avec AFP, 31 juillet 2011.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/07/31/aubry-condamne-les-propos-de-jean-marie-le-pen-sur-oslo_1554642_823448.html

 

[4] Estelle Gross et Céline Lussato, « Plongée dans la fachosphère » in Le Nouvel Observateur n°2438 du 28 juillet au 3 août 2011.

CECI N’EST PAS UN ÉCHEC…

Les violences contre les personnes continuent d’augmenter, avec une hausse de 2,32 %, selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (L’Indépendant, 21/07). « Comment le gouvernement pourrait-il se résigner à un tel bilan annuel ? », s’interrogeait Nicolas Sarkozy, flamboyant ministre de l’Intérieur, le 14 janvier 2003, à l’occasion du débat du projet de loi pour la sécurité intérieure à l’Assemblée nationale, après une première lecture au Sénat [1]. « La délinquance, hélas, existe, et persistera si on ne lutte pas résolument contre elle. C’est dans une lutte acharnée, déterminée, pied à pied, contre la délinquance que le gouvernement s’est engagé », assénait-il à l’époque, ajoutant que « l’Etat est fort quand il met sa force au service des plus faibles. L’Etat est faible quand il se révèle incapable de défendre ceux qui n’ont que lui pour assurer une existence digne, libre et sereine. » Il concluait avec fermeté : « Nous aurons réussi lorsque règnera en France un "sentiment de sécurité". Voilà notre objectif. » Las, contrairement à l’Elysée, cet objectif n’a pas été atteint… Les lois répressives se sont multipliées mais les promesses, même répétées à l’envi et martelées à souhait, ne se sont jamais concrétisées dans les faits, pis la réalité s’est aggravée [2], police et gendarmerie nationales subissant, de surcroît, une incroyable saignée ; cette drastique déflation s’est accompagnée d’une nette dégradation matérielle et professionnelle, ainsi qu’une précarisation accrue avec le recrutement croissant d’agents contractuels [3]. Pourtant, l’insécurité n’est pas un échec pour l’UMP… plutôt un bon filon [4].

 


[2] Frédéric Ploquin, « Un CRS de Grigny : "Ils veulent se faire un flic" » in Flics et voyous, 2 juin 2011.

http://www.marianne2.fr/fredericploquin/Un-CRS-de-Grigny-Ils-veulent-se-faire-un-flic_a31.html

 

[3] Laurent Opsomer, « Engagez-vous, rengagez-vous… » in Double Neuf, 10 juin 2011.

http://doubleneuf.nordblogs.com/archive/2011/06/10/engagez-vous-rengagez-vous.html

 

[4] « En Sarkozye, la sécurité, c’est une image de marque déposée, un fonds de commerce, une recette éprouvée qu’il suffit d’agiter avant de servir dès que le besoin s’en fait sentir »(Erik Emptaz, Le Canard enchaîné n°4617 du 22 avril 2009, éditorial).