26/10/2011
LA FRANCE D’EN BAS FACE À SARKOZY
Françoise Rossi, « Du face-à-face avec Sarkozy, Pierrot a fait un livre » in Ouest-France, mercredi 26 octobre 2011.
Patrick Hernot, « Lorient. Ex-SBFM : Pierre Le Ménahès le fondeur frondeur se livre » in Le Télégramme, 26 octobre 2010.
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22/08/2011
VIOLENCES URBAINES : UNE (AUTO)CENSURE MÉDIATIQUE ?
Suite aux émeutes de 2005, le chef d’escadron Talarico écrivit dans une étude [1] que « Le rôle des média dans ces déchaînements de violence s’avère aussi très important. En France, la presse a, en établissant des cartes des violences commises et en effectuant une surenchère informationnelle, poussé à la compétition entre quartiers. Elle porte donc une lourde responsabilité dans la propagation des violences. Après quelques jours, certains média en ont pris conscience. Ainsi, des chaînes de télévision ont décidé de ne plus communiquer de bilan par quartier et de limiter la diffusion des scènes de violence. Il s’agit, maintenant, pour le gouvernement, de profiter de cette prise de conscience des média pour établir avec eux une charte de bonne conduite en cas d’événements graves. Cela existe au Royaume-Uni. On a pu le constater lors des attentats à Londres de juillet 2005 : la presse n’a pas montré de corps de victimes et a tout de suite voulu montrer que la vie reprenait un cours normal sans céder à la psychose terroriste. Il faut entretenir le débat sur le rôle des média afin de les amener à prendre toutes leurs responsabilités si de nouveaux drames devaient survenir. » Or, des événements récents amènent à s’interroger à ce sujet : y a-t-il eu censure à propos de violences urbaines survenues en France au même moment que les émeutes anglaises ? En effet, si la presse nationale a abondamment commenté les troubles qui ont secoué l’Angleterre, Londres en particulier, pendant quelques jours au cours de ce mois d’août (contre quelques semaines en France fin 2005), elle a été étonnement silencieuse lors de situations similaires dans l’Hexagone. Pourtant, comme le rapporte Le Courrier picard dans son édition du 11 août 2011, Amiens a connu simultanément un déchaînement de violences. Le journaliste du quotidien picard, Bakhti Zouad, constate ainsi que « De nouvelles violences urbaines ont éclaté dans les quartiers nord d’Amiens mardi soir [9 août]. Elles se sont poursuivies tard dans la nuit obligeant les forces de l’ordre à quadriller la zone pendant plusieurs heures. » [2] Il décrit les événements en ces termes : « Les premiers heurts débutent vers 19 heures. Des policiers sont pris à partie par des groupes de jeunes et essuient de nombreux jets de projectiles. Un des fonctionnaires est alors blessé. Les véhicules des policiers sont également visés. Ils répliquent à l’aide de flash-ball et de gaz lacrymogène. Sur la place du Colvert un véhicule est incendié près d’un poteau à 21h10. Un acte peut-être volontairement destiné à détruire la caméra de surveillance installée au sommet. Elle ne résistera d’ailleurs pas à la chaleur du sinistre. Une heure plus tôt, c’est un scooter qui est brûlé rue Balzac en même temps qu’une autre voiture au pied d’une des deux tours. » Il précise en outre que « Les forces de l’ordre voient arriver rapidement des renforts des départements voisins (Oise, Pas-de-Calais, Seine-Maritime). » Preuve, s’il en fallait une, de l’insuffisance des effectifs policiers sur la métropole amiénoise comme ailleurs [3], conséquence funeste de la RGPP (Révision générale des politiques publiques) impulsée par Nicolas Sarkozy en juin 2007. Le déploiement de forces n’en demeure pas moins imposant : « Le ballet est incessant. Prêts à déverser leurs occupants au moindre incident, les fourgons [de CRS] se croisent, ils sont même par moment cul à cul. L'un des véhicules traîne une remorque de matériel, quelques instants plus tard nous voilà doublés par un véhicule plus imposant, presqu'un fourgon blindé... Il est 20 heures, le ton est donné, les policiers sont équipés comme des "Robocops". Une démonstration de force alors qu'ici ou là les habitants vaquent à leur occupation. » [4] Faut-il voir dans cette démonstration de force une nervosité politique craignant que l’incendie britannique ne se propage sur le continent en pleine torpeur estivale ? [5] « Voilà pour le visible, être vus est d'ailleurs le but. », remarquent les journalistes locaux tout en observant que « Cela n'a pas vidé les lieux. Au contraire. Fort de 25000 habitants, il y a plus de vie ici que partout ailleurs dans la ville. Il fait beau alors quitter les tours de béton est un luxe qu'on ne se refuse pas. De nouveau des familles traversent les lieux. Pour beaucoup, la présence policière, même pesante, rassure. » Ils concluent leur immersion dans le quartier nord sur ces quelques mots, constat sans complaisance en forme de sentence lapidaire : « Un autre monde, une autre ville. »
Capture d’écran : France 3 Picardie, « La police d’Amiens réclame des renforts », 18 août 2011.
Le calme, aussi précaire soit-il [6], est revenu mais l’alerte a été chaude. D’ailleurs, est-ce un hasard si Gilles Demailly, maire d’Amiens et président d’Amiens Métropole, a interrompu d'urgence ses vacances afin de rencontrer les habitants et le préfet ? Dans un communiqué en date du 10 août, l’élu socialiste « condamne fermement les violences sur les personnes ainsi que les violences urbaines à Amiens comme partout en France. […] En outre, le Maire d’Amiens salue le professionnalisme des agents des services publics, plus particulièrement ceux de la police municipale, de la police nationale, des sapeurs-pompiers et des personnes d’Amétis, pris régulièrement pour cibles. » [7] Un éloge mérité face à une violence endémique [8]. Il envisage d'envoyer un courrier au ministre de l'Intérieur pour réclamer plus de moyens. De son côté, Francis Lec, conseiller général (PS) d'Amiens Nord « lance un appel solennel au calme et exige de l'État, comme le demande la population, une véritable politique de la sécurité publique. » [9] Ce dernier appelait déjà à un plan Marshall pour Amiens Nord… en 2008 [10]. Cependant, vu le contexte économique et politique actuel, il est peu probable que leurs requêtes soient entendues, encore moins exaucées, d’autant qu’ils n’appartiennent pas à la majorité présidentielle et que l’on annonce déjà 12 000 suppressions de postes de policiers au niveau national pour l’an prochain ; Amiens sera forcément concernée par celles-ci alors que, selon le syndicat SGP-FO Unité police, majoritaire chez les gardiens de la paix et les adjoints de sécurité (ADS), les effectifs sont déjà singulièrement insuffisants à Amiens avec 150 policiers en tenue sur le terrain pour une circonscription de… 150 000 habitants (cf. tableau précédent). Cela dit, le mutisme des médias nationaux est particulièrement étrange, eux d’habitude si friands de ces faits divers qui effraient les bobos ; comme chantait Georges Brassens (Les oiseaux de passage), « Les bourgeois sont troublés… De voir passer les gueux ». Un silence d’autant plus incompréhensible qu’à l’automne 2010, ces mêmes médias ne s’étaient pas privés d’évoquer les émeutes qui avaient secoué la ville [11]. Par conséquent, comment expliquer cette soudaine frilosité ? Censure ou autocensure [12] ?
[1] Laurent Opsomer, « La militarisation du maintien de l’ordre, réalité ou fantasme ? » in Double Neuf, 9 juin 2011
[2] Bakhti Zouad, « Amiens. Le quartier nord s’embrase » in Le Courrier picard, 10 août 2011.
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Le-quartier-Nord-s-embrase2
[3] Laurent Opsomer, « Ceci n’est pas un échec… » in Double Neuf, 1er août 2011.
http://doubleneuf.nordblogs.com/archive/2011/08/01/ceci-n-est-pas-un-echec.html
[4] David Vandevoorde et Bakhti Zouad, « Amiens nord. Ambiance dans un quartier bouclé » in Le Courrier picard, 12 août 2011.
[5] Jeanne Dussueil, « Laurent Mucchielli : "Les conditions sont réunies en France pour de nouvelles émeutes" » in Challenge.fr, 11 août 2011.
[6] « Amiens. Le quartier Nord plus calme mais toujours tendu » in Le Courrier picard.fr, 16 août 2011.
[7] Émilie Thérouin, « La réaction du maire d’Amiens face aux violences urbaines qui émaillent notre ville », 10 août 2011.
[8] Thomas Delobelle, « Amiens. Quand servir l’ordre devient subir » in Le Courrier picard, jeudi 9 septembre 2010.
[9] Bakhti Zouad, « Amiens. Calme fragile au quartier Nord » in Le Courrier picard, 12 août 2011.
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-re...
[10] Francis Lec, « Mon plan Marshall pour Amiens Nord en 25 mesures », 1er février 2008.
http://francislec.over-blog.com/article-16255035.html
[11] À l’époque, Amiens a eu droit à un traitement médiatique spécial. En effet, fin septembre 2010, Orléans, ville de droite, connaissait trois nuits d’émeutes dans le quartier de l’Argonne mais ces événements ne rencontraient aucun écho dans la presse nationale (seule La République du Centre avait relaté ceux-ci dans un article intitulé « Orléans : flambée de violence à l’Argonne » le 27 septembre 2010). A contrario, début octobre 2010, Amiens, ville de gauche, connaissait une flambée de violence dans le quartier nord et faisait aussitôt la Une médiatique (quelques exemples ci-après). Deux poids, deux mesures ?
« Violences à Amiens : sécurité renforcée dans le quartier nord » in Le Parisien, 10 octobre 2010.
« Nuit d’échauffourées à Amiens » in Le Figaro avec AFP, 10 octobre 2010.
« Une nuit de violences urbaines dans le quartier nord d'Amiens » in Metro France, 10 octobre 2010.
« Violences urbaines à Amiens : plusieurs heures d'affrontements avec les forces de l'ordre » in Le Post, 10 octobre 2010.
« Violences urbaines Nuit mouvementée à Amiens Nord » in L’Union, 11 octobre 2010.
http://www.lunion.presse.fr/article/faits-divers/violences-urbaines-nuit-mouvementee-a-amiens-nord
[12] Goubelle, « De la censure à l’autocensure dans les médias » in Rue89, 16 août 2007.
http://www.rue89.com/goubelle-sen-mele/de-la-censure-a-lautocensure-dans-les-medias
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30/06/2011
L'EXPLOSION DU JOURNALISME
Danièle Ohayon, « Une fausse mère de famille témoigne : TF1 accusé de bidonnage » in France Info, 24 juin 2011.
Laurent Mucchielli, « TF1 et l’attachée de presse du Conseil général de Nice, réflexions sur un bidonnage » in Vous avez dit sécurité ?, 26 juin 2011.
Laurent Mucchielli, « Bidonnage à TF1 : non, ce n’est pas la première fois ! » in Vous avez dit sécurité ?, 30 juin 2011.
http://insecurite.blog.lemonde.fr/2011/06/30/bidonnage-a-tf1-non-ce-nest-pas-la-premiere-fois/
Daniel Schneidermann, « TF1, Ciotti, Guéant : les risques de l’information "faussée" » in Arrêt sur images, 28 juin 2011.
Allô maman bobo à Nice
Quel champion, cet Eric Ciotti ! Dans la matinée du jeudi 23 juin, le nouveau pitbull de la Sarkozye va fanfaronner dans un collège de Plaisir (Yvelines) au côté de son maître élyséen, histoire de vanter les mérites de sa belle loi sur la suppression des allocs aux familles dont les rejetons sèchent l’école.
Dans la foulée, son ami Jean-Pierre Pernaut prévu d’assurer le service après vente de cet événement majeur au 13 heures de TF1, avec supplément cire-pompes : un reportage tout à la gloire du dispositif de Ciotti, tel qu’il l’expérimente dans son département des Alpes-Maritimes. Et puis patatras.
Dans le sujet de la Une, la jeune maman niçoise qui implore l’aide du conseil général en nous tirant des larmes – « J’ai un enfant qui ne va plus à l’école, qui commence à sécher. Je suis un peu inquiète, je suis un peu désemparée » - est un témoin bidon. Et quel témoin : Audrey Bel, la propre attachée de presse du président Ciotti, qui n’a aucun gosse. Difficile de faire mieux.
Bizarrement, après la diffusion du sujet, l’après-midi de ce même 23 juin, pas le moindre signe de fébrilité du côté de Nice. Revenu sur ses terres, Ciotti préside la séance du conseil général, et Audrey Bel est à ses côtés, tout sourire. […]
Le lendemain, en revanche, lorsque France Info raconte les exploits audiovisuels de la fausse maman, Ciotti monte sur ses grands chevaux. Il est « furieux », il « n’était pas au courant ». C’est vrai qu’ils n’ont pas la télé, à Nice. […]
Pour se sortir de ce mauvais film, qui a dû être fort apprécié du côté de l’Elysée, Ciotti a « démissionné » sa collaboratrice une fois l’affaire rendue publique. TF1 s’est défaussé sur la société NMTV, filiale de « Nice Matin », qui réalise pour la chaîne les reportages niçois que « Nice Matin » jurait n’y être pour rien. Un peu plus, et c’était la faute à pas de chance.
Lundi, Pernaut a tout de même présenté des excuses dans son jité, mais en prenant soin de fusiller ses correspondants de « Nice Matin ».
L’essentiel est que Ciotti et le présentateur vedette ne soient ni coupables ni responsables, et encore moins fâchés. N’oublions pas que, depuis des années, chaque hiver, le conseil général des Alpes-Maritimes sponsorise les voitures du pilote Pernaut et de son fiston (en 2006, « Le Canard » avait révélé cette aide de 200 000 euros) lors de la course sur glace du Trophée Andros.
Il ne faudrait pas refroidir une si belle amitié.
Source : Le Canard enchaîné n°4731 du 29 juin 2011, page 8.
La vérité existe, on n’invente que le mensonge. (Georges Bernados)
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