03/01/2015
TERRORISME ?
A Joué-lès-Tours, le scénario terroriste se dégonfle comme une baudruche. Le Premier ministre, Manuel Valls, s’est pourtant emparé de cette sanglante tragédie, évoquant une menace terroriste imminente alors que le 7 mai 2013, une agression similaire dans la brigade de gendarmerie de Roussillon en Isère (illustration ci-dessus) n’avait nullement suscité cet alarmisme. Finalement, est-ce là une nouvelle tentative de diversion politique pour détourner l’attention publique des mauvaises nouvelles sur le front économique (hausse du chômage, croissance anémique, endettement record malgré une austérité historique…) ou une nième tentative de manipulation de l’opinion dont sont si friands d’ambitieux politiciens depuis 2002 ? D’ailleurs, parmi ces derniers, engagés dans une surenchère sécuritaire délibérée, certains n’ont pas hésité à faire l’amalgame entre les drames de Joué, Dijon et Nantes, au risque d’affoler la population, alors que ces trois affaires n’ont aucun lien entre elles. Mais il est vrai qu’aujourd’hui, les Français sont non seulement pessimistes mais aussi d’humeur répressive. Comme l’écrivait Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, en 2010 : « Croissance zéro et tolérance zéro vont de pair, récession et répression font une rime riche ».*
* Christophe Barbier, « Sécurité : les sept paris de Nicolas Sarkozy » in L’Express, 17 août 2010.
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18/11/2012
MANUEL VALLS, LE CONNÉTABLE DE FRANCE
« Valls qui accuse la droite d’être responsable du retour du terrorisme, c’est… » [1] :
□ la porte !
□ sa première grosse bourde.
□ une erreur, mais il l’a reconnue.
□ une polémiquette.
□ bien envoyé !
□ le cadet de mes soucis.
■ habile !
Cette incartade relève, en réalité, davantage du dérapage prémédité que de la bévue improvisée.
Le ministre de l’Intérieur a, en effet, besoin de redorer son blason à gauche – sans pour autant se renier – et faire oublier par la même occasion les éloges des caciques de l’UMP à son égard, afin de recentrer son image après avoir dérivé durant des années sur la droite du PS et au-delà.
Mieux, en suscitant la fureur de l’UMP, il manœuvre adroitement pour protéger le président de la République en détournant une partie du flot médiatique au moment où les feux de la presse sont braqués sur François Hollande, qui doit justifier le même jour son revirement (reniement ?) politique lors d’un grand oral télévisé, un exercice éminemment risqué pour n’importe quel politicien. Pour l’actuel locataire de l’Élysée, cette querelle est un artifice délibéré qui lui permet de conforter à peu de frais sa stature de chef de l’État. [2]
La conférence présidentielle ayant été unanimement saluée par la presse, Manuel Valls a clos la polémique en exprimant ses regrets – et non ses excuses. [3]
Fidèle féal, il protège avec célérité le président de la République. Il le préserve des menaces extérieures et intérieures… au risque de l’isoler de sa propre majorité et de le confiner dans un autisme politique ; l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions.
Son ambition est toujours démesurée mais Manuel Valls sait que sa réussite dépend de la bonne fortune de son suzerain. Son destin est désormais lié au sien. Si l’Élysée lui est interdit, Matignon lui siérait bien ! Pas tout de suite évidemment, ni frontalement. [4] L’heure n’est pas à la précipitation, ni aux prétentions, d’autant que le ministre de l’Intérieur doit consolider sa position. S’appuyant sur son fief de l’Essonne, il doit trouver des alliés afin de museler, du moins neutraliser toute opposition à son ascension ; la « bande des quatre » est une parfaite illustration de cette farouche volonté. [5]
En dépit de sa popularité, le connétable de France est, cependant, confronté à un triple problème.
Il est toujours perçu comme le fils spirituel [6], d’autant qu’il y a une continuité avec les précédents gouvernements, depuis Nicolas Sarkozy à Claude Guéant, simplement parce les hommes mis en place par le pouvoir précédent sont toujours en place ! En effet, craignant d'être accusé d'une chasse aux sorcières, le gouvernement Ayrault n'a pas touché à l'organigramme de l'institution policière hormis quelques cas symboliques car trop compromis avec le système sarkozyste. [7] Les hommes étant les mêmes, comment changer le système, comment l'améliorer, comment lui donner une autre orientation ?
Ensuite, Alain Bauer, conseiller sécurité de Nicolas Sarkozy, a toujours l'oreille de Manuel Valls, son ami de 30 ans dont il est le parrain de l'un de ses enfants. [8]
Enfin, le ministre de l’Intérieur excelle dans la communication politique, son véritable domaine de prédilection. Force est de reconnaître qu'il a parfaitement maîtrisé la communication du candidat François Hollande. La communication, c'est sa force car c'est un véritable animal politique... comme Nicolas Sarkozy. D'ailleurs, aujourd'hui, on ne lui demande pas d'assurer mais de rassurer.
[1] « Valls qui accuse la droite d’être responsable du retour du terrorisme, c’est… » in L’Express.fr, 14 novembre 2012.
[2] Delphine Legouté, « Quand François Hollande rappelle à l’ordre Manuel Valls » in Le Lab d’Europe 1, 13 novembre 2012.
http://lelab.europe1.fr/t/quand-francois-hollande-rappelle-a-l-ordre-manuel-valls-5881
Sophie Huet, « Terrorisme : Hollande rappelle Valls à l’ordre » in Le Figaro, 13 novembre 2012.
[3] « Manuel Valls regrette ses propos sur la droite et le terrorisme » in Le Monde avec AFP, 14 novembre 2012.
[4] Grégoire Biseau et Lilian Alemagna, « Ayrault défend son poste » in Libération, 27 septembre 2012.
http://www.liberation.fr/politiques/2012/09/27/ayrault-defend-son-poste_849447
[5] Grégoire Biseau, « La "bande des quatre" : six facettes et petits calculs » in Libération, 27 septembre 2012.
Charlotte Chaffanjon, « PS – Ce qui se cache derrière "la bande des quatre" » in Le Point, 27 octobre 2012.
[6] Laurent Opsomer, « Place Beauvau : le fils spirituel » in Double Neuf, 20 mai 2012.
http://doubleneuf.nordblogs.com/archive/2012/05/20/place-...
Sebastian Roché, « La comparaison Valls Sarkozy. Quelle pertinence ? » in Sebastian Roché, 9 novembre 2012.
http://sebastianroche.blog.fr/2012/11/09/la-comparaison-v...
[7] Laurent Borredon, « Le gouvernement tente de reprendre le ministère de l’Intérieur en douceur » in Vu de l’intérieur, 8 octobre 2012.
[8] Nathalie Segaunes, « Le sarkoboy qui chuchote à l’oreille de Valls » in Le Parisien, 19 octobre 2012.
Alexandre Devecchio, « Alain Bauer : "Manuel Valls ne doit pas craindre de devenir la bête noire d’une certaine gauche" » in Atlantico.fr, 28 juin 2012.
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27/03/2012
TOULOUSE : DES HÉROS DE CANAPÉ
Des héros de canapé ! Ainsi sont stigmatisés ceux qui osent douter, critiquer ou simplement questionner l’efficacité du RAID à Toulouse. Un dénigrement systématique des bien-pensants qui se posent invariablement en défenseurs de l’ordre et de la morale, pour lesquels la police est forcément infaillible et qui se félicitent de l’issue du siège… au nom de la justice. Pourtant justice n’a pas été rendue : un immonde assassin a simplement été abattu les armes à la main, transformant par la même occasion un lâche meurtrier en un surhomme défiant l’élite de la police. Si les réflexions des « héros de canapé » offusquent ou insupportent, quid alors des réactions de vrais spécialistes à ce sujet ? D’abord, celle d’un spécialiste incontesté des questions de sécurité, Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS, qui publie à la fois sur son blog éponyme et dans La Lettre d’information des professionnels de la sûreté : « Toulouse touchée par des actes terroristes : des questions en suspens ».[1] Ensuite, le questionnement d’un journaliste de Marianne, Jean-Dominique Merchet, sur son blog Secret défense dont le sérieux et le professionnalisme sont unanimement reconnu : « Toulouse : interrogations sur l’intervention du RAID » [2] ou l’interview d’un ancien du RAID qui s’interroge sur la stratégie choisie à Toulouse sur le blog de Laurent Borredon, journaliste au Monde, « Vu de l’intérieur »[3], voire l’article d’Augustin Scalbert intitulé « La traque et la mort de Mohamed Merah : les ratés de la police » sur Rue 89 [4] ou plus simplement encore l'éditorial d’Yves Mont-Rouge de Clicanoo : « "32 heures chrono" : the end ! ».[5] Mais ceux-ci sont probablement eux aussi des « héros de canapé ». Aussi reste-t-il l’avis de vrais professionnels, celui du fondateur et ancien patron du GIGN, Christian Prouteau, qui estime dans les colonnes du quotidien Ouest-France que l’assaut du RAID a été mené sans schéma tactique [6], ou l’opinion de Thierry Prungnaud, ancien sous-officier du GIGN, héros de la prise d’otages de l’Airbus de Marignane en 1994, qui fustige dans La Nouvelle République l’intervention du RAID en ces termes : « De l'amateurisme dans toute sa splendeur », concluant que « l’intervention a été complètement loupée ».[7]
[1] Sebastian Roché, « Toulouse touché par des actes terroristes : les questions en suspens » in La Lettre d’information des professionnels de la sûreté n°177 du 26 mars 2012.
[2] Jean-Dominique Merchet, « Toulouse : interrogations sur l’intervention du RAID » in Secret défense, jeudi 22 mars 2012.
Jean-Dominique Merchet, « Mon commentaire : Toulouse, les policiers entre succès et échec » in Secret défense, samedi 24 mars 2012.
[3] Laurent Borredon, « Un ancien du RAID s’interroge sur la stratégie choisie à Toulouse » in Vu de l’intérieur, 21 mars 2012.
Laurent Borredon, « L’opération du RAID à Toulouse en cinq questions » in Vu de l’intérieur, 22 mars 2012.
http://delinquance.blog.lemonde.fr/2012/03/22/loperation-du-raid-a-toulouse-en-cinq-questions/
[4] Augustin Scalbert, « La traque et la mort de Mohamed Merah : les ratés de la police » in Rue 89, 22 mars 2012.
http://www.rue89.com/2012/03/22/la-traque-et-la-mort-de-mohamed-merah-les-rates-de-la-police-230454
[5] Yves Mont-Rouge, « "32 heures chrono" : the end ! » in Clicanoo, 23 mars 2012.
http://www.clicanoo.re/317863-32-heures-chrono-the-end.html
[6] Jean-François Martin, « Mort de Merah. L’assaut du Raid mené sans schéma tactique ? » in Ouest-France, vendredi 23 mars 2012.
[7] Jean-Christophe Solon, « Ils se sont faits retapisser comme des amateurs » in La Nouvelle République, 24 mars 2012.
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