Double Neuf

« Ô croyants ! Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens, ils sont alliés les uns des autres. Et celui d’entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs », avertit le Coran (sourate V, versets 51 à 53). Une lecture littérale, en-dehors de tout contexte historique, de cet extrait du livre sacré pour les musulmans constitue une grave menace pour les pétromonarchies du Golfe. Al Qaïda, Daesh ou Boko Haram ne sont pas, en effet, une création ex nihilo. Non seulement ces sanglants mouvements terroristes ont été financés par ces dernières mais ils puisent leur idéologie dans le courant politico-religieux, qui fonda l’Arabie saoudite, le wahhabisme. Cependant, la créature échappe aujourd’hui à son créateur, d’autant que le wahhabisme contient en lui-même le gène qui peut détruire la dynastie des Saoud : le prince peut être destitué s’il contrevient à la volonté divine. Or, les djihadistes s’apparentent désormais aux Ikhwan, "frères" en arabe, mélange de secte fanatisée et d’armée de mercenaires, du début du XXe siècle, incitant Ryad à se placer sous la protection des Etats-Unis, pays qu’elle a soutenu contre l’Irak. L’Arabie saoudite a même permis le bombardement de la centrale nucléaire irakienne d’Osirak en 1981, fermant volontairement les yeux lors de l’audacieux raid aérien israélien. Ce n’est donc pas un hasard si la famille régnante a entamé l’an dernier l’édification d’une "grande muraille", une barrière de protection accompagnée d’un système de surveillance électronique qui s’étendra sur plus de 950 km le long de la frontière irako-saoudienne¹, car la menace est maintenant aux portes du royaume tandis que les critiques contre la monarchie sont de plus en plus vives, ses détracteurs s’appuyant sur le Coran pour contester sa légitimité, citant à l’envi pour la discréditer qu’« En vérité, quand les rois entrent dans une cité, ils la corrompent et font de ses honorables citoyens des humiliés. Et c'est ainsi qu'ils agissent » (sourate XXVII, verset 34).

¹ « Arabie Saoudite : un mur pour contre l’organisation de l’Etat islamique le long de la frontière irakienne » in 20 Minutes avec AFP, 19 février 2015.

http://www.20minutes.fr/monde/1520371-20150119-arabie-sao...

Lundi 16 février 2015, les habitants du village d’Al-Awar dans la province de Minya au sud de l’Egypte participent à une cérémonie en hommage aux 21 chrétiens coptes égyptiens, victimes de Daesh. Le président égyptien Abdel Fatal al-Sissi a fait le serment que ces crimes ne seraient pas impunis.

En égorgeant 21 coptes (chrétiens d’Egypte) en Libye, les soudards de Daesh prouvent à nouveau leur cruelle barbarie mais aussi leur ignorance religieuse. Ceux-ci oublient, en effet, que les premiers musulmans, opprimés à La Mecque, ont fui vers l'Abyssinie chrétienne où ils ont pu vivre en paix sans crainte, ni pour leur religion, ni pour leur vie, ni pour celles de leurs proches. Cependant, l’Etat islamique¹ n’assassine pas que les chrétiens, les juifs ou les yazidis. Les musulmans, qu’ils soient d’obédience chiite ou sunnite, sont les premières victimes de la terreur de Daesh ; l’abominable sort réservé au pilote jordanien en est la plus monstrueuse démonstration.² La haine de l’autre n’a pas de limite, l’horreur non plus…³ Finalement, les tueurs de l’Etat islamique sont plus proches des Ikhwan que des Moudjahidine.

¹ Armin Arefi, « Daesh-Etat islamique : la guerre des noms a commencé » in Le Point, 22 septembre 2014.

http://www.lepoint.fr/monde/daesh-etat-islamique-la-guerr...

² Olivier Ravanello, « Etat islamique : les musulmans, premières victimes des terroristes » in Le Monde selon Ravanello, lundi 9 février 2015.

https://fr.news.yahoo.com/blogs/ravanello/etat-islamique-...

³ N. Beu avec AFP, « Irak : Daesh brûle vives 45 personnes dans la ville d’al-Baghdadi » in 20 Minutes, 17 février 2015.

http://www.20minutes.fr/monde/1543183-20150217-video-irak...

Des coptes se recueillent devant l’église de la Vierge-Marie, dans le village d’El-Aour, près de Minya en Egypte.

Le fanatisme ne connaît pas les frontières : des milliers d’islamistes manifestent violemment contre notre pays à travers le monde musulman. Mais pèsent-ils vraiment face aux quatre millions de Français qui se sont dressés pacifiquement sous l’étendard de la liberté ? Ces meutes vociférant représentent-elles réellement l’islam ? Ces intégristes sunnites sont-ils véritablement les porte-paroles du milliard et demi de musulmans ? Les Kouachi, Coulibaly, Nemmouche, Merah et autres Kelkal sont-ils effectivement des chouhada (martyrs) aux yeux de tous ? N’en déplaise aux extrémistes, la réponse à ces questions est négative. Ces gens éructent contre la patrie de Voltaire, vouant aux gémonies la liberté d’expression et la laïcité, mais ont les yeux rivés vers cette terre d’abondance et de liberté, pourtant qualifiée de territoire de l'impiété (Dar el-kufr), l’inverse de leur quotidien fait de soumission et d’oppression, d’ignorance et d’intolérance, sans oublier la misère et la guerre. Finalement, ces manifestations sont le reflet d’une croyance sans connaissance ; ils tuent et brûlent des églises au Niger pour condamner la Une d’un hebdomadaire satirique français… athée. D’ailleurs, est-ce un hasard si leur jeunesse quitte le paradis islamique pour le berceau des droits de l’Homme qu’est la France et ce, souvent au péril de leur vie ? Non car elle a soif de liberté !