05/02/2014
FRANCE : UNE NATION DÉPRESSIVE
La France est une nation dépressive, qui oublie ses atouts. Bousculée par l’évolution mondiale, elle doute de ses capacités et noircit son avenir. (1) Apeurée, elle souhaite s’enfermer pour s’isoler de l’étranger dont elle se défie, multipliant les fantasmes à son sujet. Mélancolique, elle idéalise le passé (« c’était mieux avant... ») où se reflète sa jeunesse à jamais perdue. Si aucun politique ne trouve grâce à ses yeux, cette impatiente veut pourtant être écoutée tout en étant prête à se donner au premier venu par désespoir, au risque d’y perdre son âme. Il est vrai qu’elle a cumulé les déconvenues amoureuses, les infortunes conjugales en se jetant dans les bras de bonimenteurs, que ce soit ceux d’un aimable plaisantin qui l’a trompée ou ceux d’un agité qui l’a ruinée. En résumé, cette éternelle insatisfaite ne sait plus à quel saint se vouer mais rêve (encore) au prince charmant.
(1) Daniel Fortin, « Le scénario noir de la France en 2040 » in Les Echos, 31 janvier 2014.
« Dans cet ouvrage de fiction, Nicolas Baverez pousse à l'extrême sa vision pessimiste de l'avenir de notre pays. »
21:22 Publié dans Perso, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, déclin, ruine, avenir, futur
26/01/2014
HOLLANDE : UN PACTE D’IRRESPONSABILITÉ ?
La porte du bonheur est une porte étroite
On m'affirme aujourd'hui que c'est la porte à droite
Qu'il ne faut plus rêver et qu'il est opportun
D'oublier nos folies d'avant quatre-vingt-un
Qui se souvient de cette chanson de Jean Ferrat, La porte à droite ? (1)
En 2012, le candidat François Hollande promettait le changement. Aujourd’hui, le président François Hollande fait sa révolution... en consolidant l’œuvre de son prédécesseur « mais avec une ambition immense : réussir là où Nicolas Sarkozy a échoué. ll veut stopper la gangrène du chômage et aussi redresser le pays, lui rendre sa fierté, lui redonner toute sa place dans les affaires du monde. Il se prend pour de Gaulle. » (2) Cependant, nos compatriotes ne s’y trompent pas. Le récent sondage Ifop réalisé pour Sud-Ouest Dimanche indique que 74 % des Français ne font pas confiance à François Hollande et à son gouvernement pour réaliser des économies importantes sur les dépenses publiques et que la même proportion, 73 %, n’a pas confiance dans les entreprises pour créer plusieurs centaines de milliers d’emplois en échange de cette baisse de leurs charges. (3) Une tendance confirmée par Le Parisien qui a posé, le 21 janvier dernier, à ses lecteurs la question suivante : « Croyez-vous à l’efficacité de la baisse des charges pour créer des emplois ? » Avec 11 310 votants, la réponse est négative à 75,6 % ! (4)
Face à la défiance populaire, François Hollande a prévenu qu'il exigerait des contreparties « mesurables » aux allègements de charges promis aux entreprises, sans toutefois chiffrer les créations d'emploi attendues. Le président de la République s'est en vérité contenté d'un discours de principes à propos des fameuses contreparties, laissant aux partenaires sociaux le soin de les arrêter dans le détail. Bref, il veut des contreparties « précises » mais sans les préciser... (5)
L'estimation de 50 milliards est pour 2015 à 2017, soit 3 ans. Le Point souligne les propos présidentiels : « Entre 2015 et 2017, nous devrons dégager au moins 50 milliards de plus d'économies, a fait valoir François Hollande dans son discours introductif, avant de préciser que ces économies atteindraient 18 milliards en 2015 ainsi qu'en 2016, puis 17 milliards en 2017. Mais depuis, l'Élysée a reconnu que le président s'est trompé dans les chiffres. Et précise que l'effort se un peu moins important la dernière année, soit 50 milliards au total. » (6)
Notons également que les suppressions de cotisations familiales pour les entreprises seront reconduites chaque année. Par conséquent, les 10 milliards qu'elles représenteront seront bien annuels, et non sur la durée de vie de l'emploi ! Pour le CICE, la somme de 20 milliards annoncée est aussi annuelle, même si le dispositif est censé prendre fin en 2015 ; des discussions avec les partenaires sociaux permettront - ou pas - de le renouveler. En cas de renouvellement du CICE, il y aura donc bien un allègement de 30 milliards annuels (20 milliards imputables au crédit d'impôt, plus 10 milliards de cotisations) ! (7)
La baisse de 5,4 % des cotisations familiales entraîne une baisse d'environ 1 à 2 % des coûts totaux supportés par une entreprise. Il est évident que cela ne peut être suffisant pour les inciter à embaucher, surtout si la croissance reste faible (0,6 % en 2014 d'après les prévisions). Or, une entreprise n'embauche que si elle veut augmenter sa production pour vendre plus. Si la production n'augmente que de 0,6 %, elle n'embauchera évidemment pas et n'investira pas. Dès lors, où ira ce cadeau fiscal ? Dans les poches des actionnaires ou autres propriétaires des entreprises...
C'est pourquoi le Medef jubile ! Même l'UMP n'était pas allé aussi loin dans les cadeaux au patronat ! En plus, le coût est supporté par les ménages : hausse de la TVA et réduction des dépenses de l'Etat, donc des services publics. Ainsi, ne s’interroge-t-on pas déjà sur l’assurance-chômage ? (8) Ceci n’empêche pourtant pas le Medef de surenchérir puisqu’il réclame dorénavant 100 milliards ! (9)
Le coût est donc bien exorbitant pour une réussite bien incertaine ; aucune garantie d'embauche n’a été prise par le patronat. Si le patron du Medef, Pierre Gattaz, se targue d'avoir largement contribué à l'annonce de François Hollande concernant le pacte de responsabilité, il a par ailleurs refusé de s’engager sur la création d’un million d’emplois en cinq ans dans le cadre de ce même pacte de responsabilité. (9) Même son de cloche de la part de Jean Roubaud, le président de la CGPME, qui souligne que « Malheureusement, il n'y a pas de relation directe entre la baisse de charges et la création d'emplois ». (11)
En résumé, le patronat est d’accord pour les 50 milliards, mais sans contrepartie. Au moins, on est déjà prévenu ! Finalement, ce pacte de responsabilité ne serait-il pas en réalité un pacte d’irresponsabilité ?
(1) Jean Ferrat, La porte à droite.
http://www.youtube.com/watch?v=VEFe6XB3zHM
(2) Françoise Fressoz, « Hollande a fait sa révolution », 14 janvier 2014.
http://fressoz.blog.lemonde.fr/2014/01/14/la-revolution-de-francois-hollande/
(3) « Les Français et le pacte de responsabilité » in Sud-Ouest avec Ifop, 20 janvier 2014.
http://www.ifop.com/?option=com_publication&type=poll&id=2469
(4) « Croyez-vous à l’efficacité de la baisse des charges pour créer de l’emploi ? » in Le Parisien, 21 janvier 2014.
(5) « Pacte de responsabilité : Hollande précise les contreparties des entreprises » in Le Point avec AFP, 21 janvier 2014.
(6) « Le financement très flou du "pacte de responsabilité" de Hollande" in Le Point, 15 janvier 2014.
(7) Laurent Grzybowski, « Suppression des cotisations familiales, qu'est-ce que ça change ? » in La Vie, 16 janvier 2014.
(8) Jean-Baptiste Chastand, « Assurance-chômage : les droits des chômeurs vont-ils diminuer ? » in Le Monde, 16 janvier 2014.
(9) Patrick Coquidé, « Gattaz réclame 100 milliards de baisse de prélèvements » in BFM-TV,
http://www.bfmtv.com/economie/gattaz-reclame-100-milliards-baisse-prelevements-677788.html
Marc Vignaud, « Pacte de responsabilité : le Medef met la pression sur l’exécutif » in Le Point, 13 janvier 2014.
(10) « Pacte de responsabilité : le Medef ne s’engage pas sur le million d’emplois » in L’Entreprise avec AFP, 17 janvier 2014).
(11) « Pacte de responsabilité : le patronat partagé, les syndicats aussi... » in Le Parisien, 21 janvier 2014.
22:06 Publié dans Economie, Perso, Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
LA DROGUE RAVAGE LA CAMPAGNE
Le Figaro s'interrogeait récemment sur « L'inquiétante banalisation du cannabis chez les jeunes » (samedi 18 et dimanche 19 janvier 2014),son éditorialiste fétiche, Yves Thréard, n'hésitant pas à stigmatiser ceux qui prônent la légalisation d’une drogue qui fait moins de morts que le tabac et l’alcool. (1) Des lâches, selon lui. Ignorant délibérément l’échec de la politique répressive et la problématique de santé publique, il considère au contraire que c’est « un "marqueur" politique, au même titre que le mariage homosexuel, l’euthanasie et les "salles de shoot". » Vaine polémique politique qui nie la réalité. Dès lors, où est l’irresponsabilité ?
« La drogue dévaste la campagne » titre Le Courrier picard aujourd’hui, qui cite une enquête du Sato (Service d'aide aux toxicomanes de l'Oise) sur les conduites addictives dans les milieux ruraux. Cette étude montre que le risque de tomber dans la drogue en milieu rural est le même qu’en milieu urbain, mais sortir de cette dépendance y paraît plus difficile.
Vous pensiez que les villages étaient épargnés par la drogue ? Une étude du service d'aide aux toxicomanes de l'Oise (Sato) sur les conduites addictives dans les milieux ruraux montre exactement le contraire. [...] Comme en ville, les usagers sont majoritairement des hommes (80 %), relativement précaires. Comme en ville, tous les produits circulent. Cocaïne, héroïne, crack, LSD mais aussi du speed, des médicaments (Subutex ou Méthadone), des opiacés... Plus de 80 % des toxicomanes interrogés ont répondu avoir pris du cannabis dans le mois écoulé. « Les usages de drogue ne cantonnent pas aux zones périurbaines, dit l'enquête. Nous observons des consommations à risques chez des personnes vivant dans les villages et les hameaux parfois très isolés. » Comme en ville, les poly-consommateurs existent [alcool, drogue et tabac]. Mais l'approvisionnement pouvant être défaillant, certains toxicomanes dépendants se fournissent « en fonction des arrivages », recourent à l'automédication, ou aux « associations hasardeuses de produits », pouvant être à hauts risques. [...] Se sortir de la drogue semble plus compliqué en campagne qu'en zone urbaine. L'enquête pointe le manque de relais, les défauts de formation à l'accueil et aux soins. Du point de vue des toxicomanes vivant en campagne, les barrières sont nombreuses. Un usager sur trois aurait déjà renoncé à se soigner à cause de ça. La peur de la rumeur et un suivi trop contraignant sont les arguments qui reviennent le plus souvent. Vient ensuite la crainte de la réaction du docteur : « plus de la moitié des usagers ayant tenté de se soigner ont volontairement évité le médecin de famille ». (2)
(1) Yves Thréard, « Cannabis : le côté des lâches » in Le Figaro, 17 janvier 2014.
http://blog.lefigaro.fr/threard/2014/01/cannabis-le-cote-des-laches.html
(2) « La drogue dévaste la campagne » in Le Courrier picard, 26 janvier 2014.
http://www.courrier-picard.fr/region/la-drogue-devaste-la-campagne-ia0b0n299992
drogue Conduites addictives dans les milieux ruraux de l'Oise.pdf
13:16 Publié dans Perso, Sécurité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ruralité, campagne, monde rural, dealer, drogue, addiction, dépendance, cannabis, oise