24/02/2013

BAC N75 : LA POLICE EN DEUIL

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« Ne pas obéir semble être l’acte qui permet à certains individus d’affirmer leur existence dans un monde qui leur échappe et dont le sens se dérobe », écrivait Christian Estrosi en 2001. « Dans le travail quotidien des forces de l’ordre, la violence est de plus en plus présente, en particulier dans les zones urbaines et les quartiers sensibles. […] Notre devoir de mémoire nous oblige à dire que la responsabilité des socialistes est grande dans cette démission de l’Etat face à la violence », ajoutait à l’époque le député-maire de Nice. [1] A l’automne dernier, il dénonçait à nouveau la passivité du gouvernement socialiste, oubliant délibérément - devoir de mémoire oblige - la longue parenthèse sarkozyste de 2002 à 2012. [2] Or, « Hurler encore à l’insécurité quand on est depuis près de dix ans chargé de la faire diminuer, c’est montrer implicitement que l’on a échoué. Et ce sur le terrain comme dans la police. » [3]

 

Pourtant, un tragique fait divers suscite aujourd’hui l’émotion au sein de la police nationale et risque de relancer le débat sur le supposé laxisme de la gauche, vieille antienne de la droite : jeudi 21 février, deux policiers ont été tués et un autre grièvement blessé lors une course-poursuite sur le périphérique parisien. Peu avant 6 heures, entre les portes de Clignancourt et de La Chapelle, leur véhicule a été très violemment « percuté par l’arrière » par un 4x4 noir qui avait été pris en chasse et dont le conducteur était ivre et sans permis. « Tout s'est passé très vite. On estime que le véhicule Range Rover circulait à 150 km/heure quand il a percuté le véhicule de la Bac 75. Aucune trace de freinage n'a été constatée. C'est pour cette raison que nous avons décidé l'ouverture d'une enquête pour crime flagrant et pour homicide volontaire sur fonctionnaire de police », indiquait l’après-midi même François Molins, procureur de la République, avant d’exposer les circonstances du drame :

 

Selon les premiers éléments de l'enquête, le Range Rover, occupé par deux hommes, avait été pris en chasse au niveau de la porte Maillot en raison de multiples infractions au code de la route. Roulant à très vive allure sur le périphérique, le véhicule a semé cette première équipe avant de percuter, dans des circonstances qui restent à déterminer, une Ford Mondeo de la BAC de nuit qui avait été alertée. Celle-ci roulait sans doute à faible allure pour tenter de bloquer le 4x4. La vitesse du 4X4 était « hallucinante » et le choc a été d'une rare violence selon une source proche de l'enquête.

Les deux policiers de la Bac 75 sont morts sur le coup. « L'enquête montre que les trois occupants du véhicule de police portait leur ceinture de sécurité. Deux fonctionnaires âgés de 40 et 32 ans sont morts immédiatement en raison de l'éclatement de l'aorte et de fracture du crâne. Le troisième policier, né en 1958 et qui conduisait la voiture percutée est hospitalisé dans un état critique », explique François Molins. [4]

 

Cette tragédie suscite « tristesse » et « colère » dans les rangs policiers :

 

« Évidemment, c'est un sentiment de colère et de souffrance pour l'ensemble des policiers qui se sentent atteints par ces décès », a réagi le secrétaire général d'Alliance (2e syndicat des gardiens de la paix), Jean-Claude Delage. […]

« C'est à la fois un sentiment de tristesse et de révolte devant le comportement du chauffeur de ce véhicule. Mais ce qui domine c'est une grande tristesse pour ces collègues décédés avec, évidemment, une pensée pour leurs proches », a déclaré le porte-parole d'Unité SGP Police FO (1er syndicat des gardiens de la paix), Nicolas Comte. [5]

 

D’Alliance Police Nationale à Unité SGP Police FO, en passant par UNSA Police, les responsables syndicaux sont unanimes : ils demandent que les responsables de ces homicides volontaires soient condamnés lourdement. D’ores et déjà, le chauffard de 22 ans et son passager de 20 ans, déférés vendredi soir à l'issue de leur garde à vue, ont été mis en examen et écroués samedi soir, respectivement pour meurtre et complicité de meurtre. [6]

 

Désormais, l’heure est au recueillement et à la solidarité. Les principaux syndicats de gradés et gardiens de la paix avaient d’ailleurs appelé tous les policiers à se rassembler devant les commissariats, « dans la dignité et le silence, sans banderole, sans affiche et sans slogan », mardi 26 février, jour des obsèques des deux fonctionnaires de la brigade anti-criminalité de nuit (BAC N75), qui auront lieu à la préfecture de police de Paris en présence du ministre de l'Intérieur Manuel Valls. Ils souhaitaient ainsi rendre hommage à leurs collèges « victimes de l’inconscience meurtrière d’un irresponsable » mais ces rassemblements ont été annulés samedi à la demande des familles auxquelles nous adressons nos plus sincères condoléances.

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[1] Christian Estrosi, Insécurité : sauver la République, Editions du Rocher, 2001, pages 8 à 11.

 

[2] « Christian Estrosi dénonce la passivité du gouvernement », 14 octobre 2012.

http://www.christian-estrosi.com/detail.php?id=1282

 

[3] Erik Emptaz, « Le mégalopolicier. Le grand fiasco de la police aux mains de Sarko » in Les dossiers du Canard enchaîné n°119 d’avril 2011, page 4.

 

[4] Jean-Marc Ducos, « Policiers tués sur le périph : le 4x4 aurait "délibérément percuté" la police » in Le Parisien.fr avec AFP, 21 février 2013.

http://www.leparisien.fr/faits-divers/paris-un-accident-immobilise-le-periph-porte-de-clignancourt-21-02-2013-2586097.php

 

[5] « Policiers tués sur le périph : leurs collègues choqués et "en colère" » in Le Parisien.fr avec AFP, 21 février 2013.

http://www.leparisien.fr/faits-divers/policiers-tues-sur-le-periph-leurs-collegues-choques-et-en-colere-21-02-2013-2586443.php

 

[6] « Policiers tués : les deux suspects mis en examen et écroués » in Le Parisien.fr, 23 février 2013.

http://www.leparisien.fr/paris-75/policiers-tues-une-information-judiciaire-ouverte-pour-meurtres-aggraves-23-02-2013-2592371.php

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