17/12/2011

JEUNES DANGEREUX OU EN DANGER ?

délinquance,jeunes,jeunesse,mineurs,délinquant,peur,ump,répression,prévention,politisLe danger n°1 pour la France, ce sont… les jeunes ! Du moins à en croire l’UMP, qui a fait de la réforme de la justice des mineurs la priorité de son volet sécurité pour 2012. Le parti présidentiel planche sur un code pénal spécifique « pour adapter la justice des mineurs aux nouveaux phénomènes de délinquance et lutter contre le sentiment d’impunité ». Pour les juger de plus en plus comme des majeurs, surtout, et de plus en plus tôt. Ce qui est une forme de négation de l’enfance. Pourtant, aux yeux de la justice, on est un enfant jusqu’à 18 ans. On peut être à la fois délinquant et victime – c’est même souvent le cas –, et la société est responsable de ses jeunes ; d’où une réponse qui, depuis 1945, allie le pénal et l’éducatif. « Sachant que l’éducatif, c’est encore ce qui marche le mieux », rappelle la magistrate Catherine Sultan [présidente du tribunal pour enfants de Créteil et de l’Association française des magistrats de la jeunesse et de la famille]. Les Français vont-ils réagir à cette répression anti-jeunes ? Il est « difficile d’être un  jeune aujourd’hui en France », estiment 81 % des personnes interrogées par un sondage Ipsos-Logica Business Consulting pour Le Monde. Pour autant, les jeunes sont jugés égoïstes (63 %), paresseux (53 %) et intolérants (53 %). 70 % des personnes interrogées les trouvent révoltés. Et dangereux ? Les policiers poursuivent 2,5 fois plus de mineurs qu’il y a trente ans. Non parce qu’ils sont 2,5 fois plus nombreux, mais parce qu’il y a plus de plaintes. D’ailleurs, la délinquance a encore plus augmenté chez les majeurs. Ce n’est donc pas une spécificité « jeunes ». Vagabonds, « apaches », « blousons noirs », « jeunes des cités »… En comparaison avec les émeutiers des époques précédentes, ceux de 2005 passeraient presque pour des enfants de chœur, remarque le sociologue Laurent Muchielli. Il ne s’agit pas de nier la violence des jeunes mais de souligner qu’elle est sans proportion avec la peur suscitée. Aujourd’hui, en France, cette peur a d’autres fondements que la réalité de la délinquance.

Source : Ingrid Merckx, « Peur des jeunes » in Politis n°1191 du 15 au 21 décembre 2011.

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