26/02/2012

FRANÇOIS DUPRAT, L’HOMME QUI INVENTA LE FRONT NATIONAL

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Abel Mestre et Caroline Monnot, « "François Duprat, l’homme qui inventa le Front national", de Nicolas Lebourg et Joseph Beauregard : FN, le fondateur oublié » in Le Monde, 21 février 2012.

http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/02/20/francois-duprat-l-homme-qui-inventa-le-front-national-de-nicolas-lebourg-et-joseph-beauregard_1645889_3260.html

 

« "François Duprat", le livre référence sur l’homme qui inventa le Front national » in Droite(s) extrême(s), 14 février 2012.

http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/2012/02/14/francois-duprat-le-livre-reference-sur-lhomme-qui-inventa-le-front-national/

 

Joseph Beauregard, « Pourquoi une biographie de François Duprat ? » in Fragments sur les Temps Présents, 12 février 2012.

http://tempspresents.wordpress.com/2012/02/12/beauregard-lebourg/#more-3142

 

« François Duprat, l’homme qui inventa le Front national » in Fragments sur les Temps Présents, 5 février 2012.

http://tempspresents.wordpress.com/2012/02/08/lebourg-beauregard-duprat-denoel/

Présentation de l’éditeur : Mort dans un attentat à la voiture piégée le 18 mars 1978, François Duprat est devenu “le martyr de l’extrême droite”, un personnage rêvé pour les affabulations complotistes. Mais il est aussi un mythe politique qui déborde le Front national, une figure emblématique des années 60 et 70 capable de déchaîner les passions et les fantasmes les plus irrationnels. Vingt ans durant, il s’est voué à réinventer l’extrême droite, d’Occident au Front national, d’Ordre nouveau aux milieux néonazis. Stratège du FN, dont il était le numéro 2, il imposa à Jean- Marie Le Pen le slogan “un million de chômeurs c’est un million d’immigrés en trop”.

Pionnier dans la diffusion du négationnisme, professeur débonnaire, théoricien fanatique, politicien pragmatique et homme de I’ombre lié à plusieurs services de renseignement: François Duprat était mystérieux et complexe. Il s’est propulsé au travers de son époque en y laissant une odeur de soufre. Remonter le fil de sa vie, c’est parcourir l’Afrique et le Moyen-Orient, s’immerger dans la décolonisation et la guerre froide, traverser Mai 68 et les bagarres du Quartier latin, décrypter les rivalités au sein de l’extrême droite et la machinerie politique de la Ve République.

Dans leur ouvrage, Nicolas Lebourg et Joseph Beauregard le suivent ainsi pas à pas dans sa tortueuse trajectoire et tentent d’éclaircir les circonstances de son spectaculaire assassinat, jamais élucidé. Fruit de quatre années d’enquête, cette biographie s’appuie sur de nombreux entretiens (famille, hommes politiques, militants, adversaires, hommes de l’ombre) ainsi que sur des archives policières et judiciaires inédites. François Duprat y apparaît comme le révélateur des tourments inavouables de la vie politique française.

 

Nicolas Thierry, « Le livre que l’Extrême droite attend… Et pas qu’elle… » in Atlantico.fr, 21 mars 2011.

http://www.atlantico.fr/decryptage/biographie-francois-duprat-devrait-paraitre-14-avril-61003.html

17/06/2011

BRÈVE HISTOIRE DE LA POLICE

patrick balkany,police municipale,police nationale,histoireL’inénarrable Patrick Balkany a encore frappé ! Ce n’est un secret pour personne : le député-maire UMP de Levallois-Perret est un farouche partisan des polices municipales ; ce fidèle zélateur est même l’un de leurs principaux soutiens politiques [1]. D’ailleurs, la polémique sur le pistolet à impulsions électriques (PIE) fut l’un des épisodes révélateurs : « Avec le Taser, nous renforçons leur équipement, se réjouit le député-maire UMP de Levallois. C’est une arme intermédiaire. Nos policiers [municipaux] ont déjà la panoplie complète ! » (Le Parisien, 9 septembre 2008) et les journalistes du quotidien francilien de remarquer : « Ici, difficile de distinguer rapidement un policier municipal d’un national. » [2] En outre, ce professionnel de la politique a présenté ou signé plusieurs propositions de loi en faveur des polices municipales telles que la proposition n°2604 enregistrée le 9 juin 2010 visant à généraliser le port d’armes des policiers municipaux ou celle du 30 mars 2011 tendant à créer la Médaille d’honneur de la police municipale (proposition n°3267). Enfin, son engagement aux côtés des syndicats dits professionnels (par opposition aux organisations généralistes que sont les grandes centrales syndicales) est indéniable et constant [3] ; il est particulièrement réactif à ce sujet. Ainsi, lors du drame de Villiers-sur-Marne, qui coûta la vie à Aurélie Fouquet, Patrick Balkany dépose le jour même à l'Assemblée nationale une proposition de loi visant à intégrer les indemnités spéciales de fonctions des policiers municipaux dans le calcul de leur pension de retraite [4], suivie le lendemain d’une seconde proposition relative au port d’armes [5] avant de réitérer son soutien à la profession une semaine après [6].

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Ce sympathisant assumé des polices municipales, auteur d’un rapport en la matière, réclame depuis longtemps davantage de pouvoirs pour les policiers municipaux (« Patrick Balkany : "Il leur faut davantage de pouvoirs" » in L’Humanité, 29 octobre 1993). Il était donc vraisemblable que ses exigences rencontrent un écho favorable lors des premières rencontres nationales de la police municipale, organisées ce jeudi 16 juin 2011 à Nice, fief de son compère Christian Estrosi. Or, ce sympathique politicien a suscité l’ire des syndicats de police nationale pour une raison tout à fait différente. Le parlementaire UMP a, selon eux, déclaré à la tribune qu'il « en avait assez d'entendre les syndicats de police (nationale) incarner la police républicaine » alors que celle-ci est « issue d'une réforme datant (du gouvernement) de Vichy en 1942 » [7]. On peut assimiler ses déclarations à la tactique classique des thuriféraires des polices municipales qui rehaussent celles-ci en dénigrant la police nationale à travers la dénonciation de ses insuffisances, de ses bavures ou de sa naissance.

 

De tels propos doivent, cependant, être nuancés d’un point de vue historique. En effet, si l’on peut faire remonter la définition des pouvoirs de police du maire au décret du 22 décembre 1789, donc à la Révolution, la police municipale fut plus clairement instituée en 1884, précisément par la loi du 5 avril 1884. Cette dernière est donc antérieure à la police nationale. Cela dit, HISTORIQUEMENT, C’EST LA POLICE NATIONALE QUI EST MODERNE ET NON LA POLICE MUNICIPALE dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Le XIXème siècle voit le début d’un mouvement d’étatisation des polices municipales d’un certain nombre de grandes villes ou de communes appartenant à la conurbation parisienne, qui se poursuit au XXème siècle. Citons à titre d’exemples : Lyon en 1851, Marseille en 1908, Toulon en 1918, Nice en 1920, Strasbourg, Mulhouse et Metz en 1925, etc. Les raisons de cette évolution sont intéressantes. En 1907, une commission que nous devons à Georges Clémenceau concluait à la nécessité d’étatiser les services de police municipale en raison de leur inefficacité, de leur inadéquation aux problèmes posés et de la trop grande proximité entre l’opérationnel et le politique. Il faut aussi rappeler qu’aux reproches déjà énoncés s’ajoutait celui d’un classement sans suite des plaintes des victimes très important. En 1935, la quasi-totalité des communes de Seine-et-Oise et quatorze communes de Seine-et-Marne étaient à leur tour étatisées pour assurer à leurs habitants le même niveau de sécurité qu’à Paris. L’argument de l’égalité face à la sécurité était déjà avancé. Il est toujours d’actualité, car l’écart entre villes riches et villes pauvres n’a cessé de progresser. C’est donc la recherche d’une réponse pertinente à une problématique correctement identifiée qui a conduit à l’étatisation des services de police municipale. Par conséquent, lorsque la loi du 23 avril 1941 crée la police nationale, l’Etat français n’innove pas mais achève l’œuvre entreprise par la défunte IIIe République, République soucieuse d’égalité et d’efficacité. Une remarque néanmoins : si le régime de Vichy établit que toutes les villes de plus de 10 000 habitants verront leur police étatisée, cette réforme ne s’applique pas à l’ensemble du territoire vu qu’une moitié du pays est alors contrôlée par l’occupant allemand. Cette loi ne concerne donc pas Paris et la police parisienne (PP) conservera longtemps sa spécificité ; il faudra attendre la loi du 10 juillet 1966 (à la suite des dysfonctionnements policiers révélés en 1965 par l’affaire Ben Barka) pour que soit créée l’actuelle police nationale, réalisant la « fusion » de tous les services de police (hormis les polices municipales qui, tel le légendaire phénix, ont repris leur envol depuis le début des années 1980, précisément après les élections municipales de 1983).

Dernier point : à propos du comportement des agents municipaux vis-à-vis du gouvernement de Pétain, citons simplement un extrait d’un document réalisé en juin 1942 par le ministère de l’Intérieur de Vichy, une synthèse des rapports mensuels des préfets de la zone occupée. Ainsi peut-on lire à la rubrique « Personnel » du « III – QUESTION CONCERNANT LA POLICE » : « La principale question soulevée dans les rapports mensuels est celle du personnel des polices municipales. Les Préfets se montrent inquiets de la médiocrité des agents municipaux et expriment le souhait que la prochaine étatisation de la police leur permette de disposer d’un personnel de qualité. […] L’exode vers la Police d’Etat se manifeste non seulement chez les candidats à la police mais encore chez les agents en place, soit qu’ils le sollicitent, soit qu’ils y soient appelés. De ce fait, un certain nombre de fonctionnaires de la police sont mutés dans leur affectation actuelle dans des postes déjà étatisés. Plusieurs Préfets s’élèvent contre cet état de choses notamment le Préfet de Maine-et-Loire, qui signale que prochainement, en raison des départs des agents de la ville d’Angers vers la Police d’Etat, il ne restera, dans cette ville que 52 agents pour une population de 100 000 habitants. En conclusion de leurs rapports, les Préfets émettent qu’une prochaine et rapide étatisation de la police mette un terme à cette situation. » [8]

 

 

[1] Laurent Opsomer, « Sécurité : le lobbying des policiers municipaux » in Dans le secret des faits, blog du journaliste Philippe Madelin, 26 janvier 2009.

http://phmadelin.wordpress.com/2009/01/26/securite-le-lob...

 

[2] Laurent Opsomer, « Sécurité : le débat sur le TASER s’envenime » in Dans le secret des faits, blog du journaliste Philippe Madelin, 4 mars 2009.

http://phmadelin.wordpress.com/2009/03/04/securite-le-deb...

 

[3] SDPM (Syndicat de défense des policiers municipaux), « Le Député-Maire de LEVALLOIS écrit au SDPM », 9 février 2011.

http://www.sdpm.net/article-le-depute-maire-de-levallois-...

 

[4] « Patrick BALKANY s’engage pour les policiers municipaux » in Faisons de la politique ensemble, 20 mai 2010.

http://pbalkany.blogs.com/blog_de_patrick_balkany/2010/05...

 

[5] « Drame de l'A4 : Proposition de loi de Patrick BALKANY visant à généraliser le port d'arme des policiers municipaux » in Faisons de la politique ensemble, 21 mai 2010.

http://pbalkany.blogs.com/blog_de_patrick_balkany/2010/05...

 

[6] « Mon engagement en faveur des policiers municipaux » in Faisons de la politique ensemble, 28 mai 2010.

http://pbalkany.blogs.com/blog_de_patrick_balkany/2010/05...

 

[7] « Balkany rappelle les origines vichyssoises de la police nationale » in Le Point.fr avec AFP, 16 juin 2011.

http://www.lepoint.fr/societe/balkany-rappelle-les-origin...

 

[8] La France dans la Deuxième Guerre mondiale, édition des rapports du Militärbefehlshaber Frankreich et des Synthèses des rapports des préfets, 1940-1944

http://www.ihtp.cnrs.fr/prefets/cadre_prefets_d.html