20/09/2011

NOUVELLES IMPUDIQUES

Qu’est-ce que l’amour ? L’amour est un bien plus précieux que l’or. Il est éternel tel le diamant ou éphémère à l’image d’un arc-en-ciel. Il est solide comme le roc ou fragile comme le cristal. Pour sa part, mademoiselle de Scudery disait de celui-ci : « L’amour est un je-ne-sais-quoi, qui vient je-ne-sais-où et qui finit je-ne sais-quand. » Cependant, on ne désire que ce qui ne nous appartient pas. On ne s’attache qu’à ce que l’on peut perdre, puisqu’il ne prend de la valeur que du fait qu’il n’est jamais acquis. Or, l’amour n’est pas un acquis définitif, mais une conquête de tous les jours. Si affirmer sa flamme a un sens, si dire « je t’aime » a son importance, déclarer s’aimer pour la vie est une utopie car l’amour est un combat quotidien. Je suis tenté de comparer l’amour à un animal sauvage que l’on apprivoise progressivement mais que l’on ne domestique jamais ; il peut à tout moment recouvrer sa liberté et redevenir par la même aussi sauvage qu’à l’origine, mais sous d’autres cieux…

 

Le langage labial

 

Le corps féminin est une contrée que j’aime parcourir, admirant du regard ses courbes et ses rondeurs. Enivré par ses effluves, je lance mes mains à la découverte de cet espace précieux et ô combien mystérieux. Celles-ci vont alors par monts et par vaux, détachant un bouton par-ci, se glissant par-là. Elles n’en font qu’à leur tête, n’obéissant désormais qu’aux douces ondulations d’un corps qui s’offre à la conquête. Mues par ces secrètes injonctions, elles effleurent, caressent, enlacent, étreignent. Un oubli, une réclamation ? Elles se font dociles, répondant immédiatement à toute exhortation pour réparer leur étourderie.

Le corps féminin est un jardin fait d’humeurs, de senteurs et de saveurs. Par conséquent, comment résister au plaisir de le baiser ? D’abord prude, la bouche s’empare hardiment des lèvres qui s’offrent à elle. Electrisées, les langues entament une folle sarabande. L’émotion gagne alors le corps tout entier. Les sens s’affolent. Les doigts s’égaillent dans la chevelure. Les souffles se mêlent. On embrasse passionnément le visage aimé, on le caresse. Grisées par le désir, les lèvres glissent le long du cou. Parfois les dents meurtrissent les chairs. Mais généralement plus sages, elles mordillent avec affection lobes et tétons. Les mains dénudent les épaules que la bouche embrasse fougueusement.

Telle la plage sous l’effet de la marée, le corps féminin se découvre peu à peu. D’un chemisier déboutonné apparaissent alors deux merveilleux globes laiteux, orgueilleusement soutenus par cette savante pièce de dentelle qu’est le soutien-gorge. On ne peut résister au plaisir de placer aussitôt ses mains sur ces mamelons fièrement dressés. L’assaut de ces deux citadelles est coordonné : les mains se glissent dans le dos, bien décidées à dégrafer le plus adroitement possible l’obstacle ainsi dressé, tandis que les lèvres se ruent sur la poitrine ainsi dévoilée. C’est un spectacle merveilleux dont je ne me lasse jamais ! L’excitation se propage à la vue de ces seins révélés. Mes mains s’emparent de cette gorge généreuse dont la fermeté démontre l'émoi. Elles caressent, palpent, s’amusent. Ma bouche n’est pas en reste : elle découvre le soyeux de la peau, son onctuosité. Les lèvres aspirent les tétons et la langue les titille avec malice. Les seins sont gonflés de désirs que trahit parfois un soupir de satisfaction. L’imagination est alors débridée et nombre de possibilités s’offrent aux amants du moment pour égayer leur jeu amoureux…

Mais soyons sages et poursuivons notre découverte du corps féminin. Les mains glissent le long du corps, se saisissent des hanches, caressent les cuisses. Les lèvres suivent, baisant le ventre dénudé, les dents mordillant la peau veloutée que pétrissent les mains. Quel ravissement que le contact électrique de cette peau chaude et satinée ! Les mains relèvent la jupe, ou déboutonnent le jean, qu’elles s’attachent ensuite à enlever grâce à la complicité féminine. Les variantes sont ici pléthores puisque liées à l’instant présent ; rien n’est prémédité : tout est improvisé au gré des opportunités. Une question s’impose alors : jeu de main, jeu de vilains ? Non, jeu de coquins ! Et la bouche dans tout cela ? Toujours la bienvenue, elle n’est jamais très loin.

Le jeu continue et gagne en intensité. Mes mains apprécient le galbe des hanches. La tentation est grande de se ruer sur cette intimité révélée mais pieusement voilée par une affriolante étoffe de soie ou de dentelle (1) que mes dents déchiquetteraient avec avidité. À ce stade, une offensive généralisée serait vraisemblablement couronnée de succès, mais ce serait une victoire à la Pyrrhus puisque de courte durée. Il me faut donc patienter. J’envoie mes mains en reconnaissance. Elles s’approchent de leur objectif, l’effleurent mais ne s’y attardent pas, préférant descendre le long des jambes ou courir vers la poitrine. Ma bouche se contente d’un innocent baiser dans l’aine. Toutes attendent un signal, un frémissement. Pourtant, au fil des caresses, mes mains s’enhardissent et abordent à pas feutrés les contours de l’obstacle textile, illusoire rempart à mon désir. En catimini, un doigt se faufile en éclaireur sous la couture. Pas d’opposition ? Mes doigts se lancent alors à l’assaut du mont de Vénus. Ils s’insinuent dans cette luxuriante vallée sombre, source de félicités à foison. Les battants du temple sacré s’ouvrent au plaisir. Telle une étoile de mer, ma main s’empare de ce coquillage de chair veloutée et ombré d’un fin duvet. N’y tenant plus, j’introduis un, puis deux doigts dans les chairs ruisselantes, auxquels j’imprime un doux mouvement de va-et-vient. L’aimée écarte progressivement les longs fuseaux que sont ses jambes et arque les reins, comme pour m’inviter à prendre possession de son ventre encore plus profondément. Il me faut alors me débarrasser des sous-vêtements ; seul le string est toléré !

Sitôt passé la difficulté des hanches, le slip glisse le long des jambes avant d’être déposé à côté du lit ou jeté à l’autre extrémité de la pièce – c’est selon l’excitation du moment. Que penser à cet instant de ce corps dénudé, qui, désinhibé, s’offre aux caresses et aux baisers les plus osés ? La femme est alors dans toute sa beauté ! Je me délecte à la vue de ce fessier si complaisamment présenté. Remontant le cours sensuel des cuisses, je caresse la croupe avant de me faire plaisir. Ma main va s’encanailler en pressant amoureusement le périnée. Quelle volupté lorsque cette intimité vient se plaquer contre ma poignée afin d’être câlinée. Mes sens sont alors si aiguisés que, parfois, je ne résiste pas au ravissement déraisonné de croquer cette partie charnue tout en l’embrassant passionnément. Ma bouche avide s’empare de la secrète vallée au désir perlé, et ma langue plonge au plus secret de cette délicieuse anatomie. Mes lèvres s’imprègnent du goût subtil de ce trésor caché. Elles happent avec gourmandise les pétales nacrés, puis ma langue les écarte délicatement pour pénétrer dans l’antre convoité. Le corps ondule sous l’effet de cette sensuelle linguistique. Le bassin se soulève pour marquer son approbation. Tandis que goulûment, la bouche dévore avec passion ces lèvres humides que la décence interdit de montrer, mes doigts s’engagent sans effort dans le sillon noyé de plaisir. Le duo est déchaîné et peut s’éterniser jusqu’à satiété. Ma langue s’amuse à titiller le clitoris après l’avoir précautionneusement décapuchonné ; celui-ci mérite vraiment son surnom de bouton des délices. Je m’abreuve à cette fontaine de jouissance. Le corps se cambre sous l’effet de cette audacieuse dialectique. Ainsi échauffé, il réclame son dû.

Nous pourrions continuer notre randonnée sur le chemin de la volupté et découvrir ensemble d’autres contrées du corps féminin, s’engager sur des sentiers inavoués. Je pourrais, en effet, disserter des heures sur mes douces excentricités à ce sujet, mais je préfère m’arrêter. C’est fini ? Non, car il vous revient le soin d’achever cet ébat amoureux ; j’ai donné la tonalité, à vous la finalité !

 

(1) Bénis soient les dentellières et autres canuses.