06/04/2017
L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL SACRIFIÉ ?
Des filières peu ou pas attractives, voire cul-de-sac, un logiciel d’affectation concentrant les élèves les plus faibles dans les filières les moins demandées, d’où une orientation par défaut, donc subie plus que choisie, avec son corollaire d’absentéisme, de désintérêt et d’indiscipline, une absence de mixité sociale et une mobilité géographique réduite, un nombre d’enseignants contractuels ou vacataires bien supérieur à la moyenne (mais corvéables à merci)… Tous les ingrédients sont réunis pour transformer des lycées professionnels en ghettos scolaires. [1] Ajoutez à ces maux les réformes successives du baccalauréat professionnel depuis sa création en 1985, qui n’ont cessé d’alléger les exigences pédagogiques, sacrifiant délibérément la qualité à la quantité. Un égalitarisme effréné et une gestion purement comptable ont entraîné, depuis 2009, une dévalorisation des diplômes. Ainsi, le BEP, diplôme autrefois reconnu par les professionnels, aujourd’hui certification intermédiaire, n’a plus désormais que la valeur du papier sur lequel il est imprimé. De même, le contrôle en cours de formation (CCF) en BAC PRO permet de compenser l’échec de nombre d’élèves aux épreuves terminales puisqu’il compte pour 50 % de la note finale ; le CCF représente les deux tiers, voire les trois quarts des épreuves selon les filières. L’épreuve orale de contrôle est aussi une astuce destinée à repêcher un maximum de candidats tout comme le rattrapage sur dossier en cas d’échec à celle-ci. Le baccalauréat professionnel est également dévoyé par un discours dorénavant centré sur la poursuite d’études et non plus sur l’accès au marché de l’emploi, l’insertion professionnelle, sa finalité initiale. Les bacheliers professionnels paient d’ailleurs au prix fort cette digression : un tiers poursuit des études supérieures mais seuls 10 % obtiennent un diplôme de niveau Bac + 2 (1 % à partir du Bac + 3). [2]
[1] Bérangère Barret, « Pourquoi nos lycées pro sont mal classés » in Nord-Eclair, 29 mars 2017.
http://www.nordeclair.fr/48073/article/2017-03-29/pourquo...
Marie Piquemal, « Bac pro : toujours plus d'élèves, mais très peu de débouchés » in Libération, 8 juin 2016.
http://www.liberation.fr/france/2016/06/08/bac-pro-toujou...
« L’absentéisme est plus important en lycée professionnel » in Le Figaro, 16 février 2015.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/02/16/01016-...
« Un fort taux d'absentéisme se maintient en lycée professionnel » in Le Café pédagogique, mardi 17 février 2015.
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/02/17...
« En 2015-2016, l'absentéisme touche en moyenne 4,5 % des élèves du second degré public » in Note d’information n°6 de mars 2017.
http://www.education.gouv.fr/cid56912/l-absenteisme-des-e...
« Les enseignants non titulaires du second degré public : 7,5 % de l'ensemble des effectifs en 2013 » in Note d’information n°17 de mai 2015.
http://www.education.gouv.fr/cid87304/les-enseignants-non...
« Enseignement professionnel : Le Cnesco veut en finir avec les lycées ghettos » in Le Café pédagogique, mercredi 8 juin 2016.
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/06/08...
[2] Agefa PME, Le BAC PRO en 3 ans, bilan commenté de la réforme, février 2016.
http://www.agefa.org/agefa-pme/wp-content/uploads/sites/2...
« La grande illusion du bac professionnel » in Le Figaro, 14 juillet 2016.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/07/14/01016-...
« Le bac pro cherche encore sa place » in Les Echos, 15 juin 2016.
https://www.lesechos.fr/15/06/2016/LesEchos/22213-019-ECH...
19:40 Publié dans Education, Perso | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : enseignement professionnel, lycée professionnel, baccalauréat professionnel, bac pro, bep
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